5 juillet 2025. L’Algérie célèbre son indépendance. Feux d’artifice, chants patriotiques, drapeaux hissés sur les balcons. Mais dans les rédactions Françaises, on répète un tout autre opéra : « Boualem Sansal sera gracié. »
Une information jamais parue dans un quotidien Algérien, jamais confirmée par aucune autorité. Mais peu importe : la machine s’emballe, les tribunes s’enchaînent, les réseaux sociaux s’enflamment. Et en tête de gondole de cette mise en scène : le cri unique, simpliste, mensonger:
“Boualem Sansal croupit dans les geôles Algériennes.”
La fabrique de la fake news est lancée.

FAKE NEWS
La France, qui déteste qu’on déforme ses vérités historiques, adore pourtant travestir celles des autres. L’Algérie ne fait pas exception. Dans cette mise en récit Franco-Française, Sansal devient un symbole : écrivain libre, penseur éclairé, victime d’un système obscur. C’est beau, c’est propre, c’est à pleurer.
Mais c’est faux.
La vérité ? Boualem Sansal n’est pas en prison pour ses livres. Ceux-ci se vendent encore dans les librairies d’Alger, d’Oran, de Béjaïa. Aucun de ses romans n’est interdit. Ce n’est pas son imaginaire qu’on lui reproche mais une prise de position politique lourde de conséquences.
Sur « Frontières » – un média Français d’extrême droite connu pour son discours identitaire et islamophobe – Boualem Sansal a publiquement affirmé que certaines villes Algériennes étaient en réalité Marocaines. Non content d’y apparaître comme simple invité, il en est l’un des dirigeants. Il n’a donc pas commis une erreur passagère, mais une trahison idéologique assumée.
Mettre en doute l’intégrité territoriale de son pays, c’est s’attaquer à la base même de la souveraineté nationale. Dans n’importe quel État, cela constitue une infraction grave. En Algérie comme ailleurs.
Mais en France, cette réalité est trop complexe, trop Algérienne, trop politique. On préfère épurer le récit, élaguer le contexte, blanchir les zones d’ombre. Et faire parler les habituels « experts » de l’Algérie postérieure : écrivains exilés, chroniqueurs recyclés, journalistes amnésiques.
Kamel Daoud, appelé à la rescousse par Léa Salamé sur France Inter, souffle sur les braises. Il parle d’un pays figé, d’écrivains pourchassés, de liberté étouffée. Il ne dit pas un mot sur les propos de Sansal. Il préfère, comme souvent, la parabole au factuel, l’allégorie au démenti. La fable est plus utile que la vérité.
Mais cette fois, le silence est complice. Car le passif de Sansal n’est pas qu’Algérien. Il est aussi Européen.
C’est celui d’un homme qui fréquente les salons où l’on fantasme une Afrique du Nord décolonisée à coups de cartes redessinées.
Le 5 juillet, la presse française a donc choisi son feuilleton. Au lieu d’honorer les 63 ans d’indépendance d’un peuple, elle a préféré médiatiser une fake news à ciel ouvert, une fiction déracinée. Un récit sans sources mais pas sans intérêt politique.
Et l’Algérie, dans tout ça ? Silencieuse. Ou plutôt muselée par les narrateurs d’ailleurs. Parce qu’en 2025 encore, le monde n’a pas confiance dans un pays qui parle en son propre nom.
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