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Le Pape a reçu Tebboune. Ce n’est pas une anecdote. C’est un symbole. Et c’est aussi une gifle.

24 Juil

« Pendant que le Pape salue Tebboune, un autre chef d’État — le roi du Maroc, Mohamed 6 — n’est pas reçu. Il faudra relire ce détail avec attention. Il dit ce que la diplomatie ne dit pas toujours. Il parle d’équilibres. De priorités. Et peut-être d’un retournement stratégique plus large. »

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Pas pour Tebboune, non. Pour ceux, en France, qui ont fait de l’Algérie leur punching-ball idéologique, leur obsession éditoriale, leur miroir déformant. Ceux qui la disent « fermée », « fanatique », « irrécupérable ». Ceux qui, depuis des années, préfèrent juger l’Algérie depuis Paris plutôt que la regarder vraiment.

Le président Algérien entre au Vatican, reçu par Léon XIV, Pape fils spirituel de Saint-Augustin. Celui-là même qui, dans sa première déclaration pontificale, a rappelé son attachement profond à l’Algérie, à Annaba, à Souk Ahras. Le cœur du christianisme Africain. Là où certains ne voient que du sable et des silences, lui voit une mémoire. Un berceau. Une matrice.

Et pendant que Rome déroule le tapis rouge, Paris grimace. Pas officiellement. Mais dans les studios, les éditos, les colonnes mal renseignées, on accuse le coup. Parce que l’image dérange : un président Algérien, musulman, discutant spiritualité et dialogue religieux au plus haut sommet de l’Église catholique. Ça casse la narration. Ça brise le mythe d’une Algérie enfermée dans son islam et dans ses murs.

C’est aussi un camouflet franc pour ceux qui, comme Kamel Daoud, se plaisent à décrire l’Algérie comme une prison culturelle. Daoud, qui voit l’islamisme partout, sauf parfois dans les regards néo-coloniaux posés sur son pays. Lui qui brandit la laïcité à la Française comme une lumière, mais ne voit pas quand cette même lumière devient projecteur aveuglant.

La rencontre Tebboune-Pape est donc tout sauf anecdotique. C’est une main tendue, mais sans obséquiosité. Un geste politique, certes, mais aussi une revendication de souveraineté symbolique. L’Algérie ne quémande pas. Elle affirme. Elle existe. Elle parle d’égal à égal. Et elle rappelle, sans avoir à le crier, qu’elle est aussi une terre d’histoire chrétienne, pas seulement un terrain d’islam.

Pendant que le Pape salue Tebboune, un autre chef d’État — le roi du Maroc — n’est pas reçu. Il faudra relire ce détail avec attention. Il dit ce que la diplomatie ne dit pas toujours. Il parle d’équilibres. De priorités. Et peut-être d’un retournement stratégique plus large.

La France, elle, reste figée. Prisonnière d’un logiciel épuisé, fait de peur, de nostalgie coloniale et d’obsessions migratoires. Elle commente l’Algérie sans l’écouter. Elle la juge sans l’observer. Elle projette ses angoisses sur un pays qui, lui, continue d’avancer à sa manière, avec ses contradictions, ses lenteurs, ses propres failles — mais avec un minimum de cohérence.

La vraie gifle, ce n’est pas celle qu’on donne. C’est celle qu’on se prend en regardant une scène qu’on croyait impossible.

Un pape. Un président. Une poignée de main. Et un silence de plomb à Paris.

 
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Publié par le 24 juillet 2025 dans Politique et Société

 

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