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Un État proclamé, un peuple oublié,

21 Sep

La scène diplomatique de cette semaine illustre une contradiction profonde dans la manière dont les puissances occidentales envisagent la cause Palestinienne. Emmanuel Macron a confirmé son intention d’annoncer la reconnaissance d’un État Palestinien lors de la conférence organisée par la France et l’Arabie saoudite à New York, appuyée par 142 des 193 membres des Nations unies. Mais l’argument qu’il avance est révélateur : il s’agirait, selon lui, d’un moyen d’isoler le Hamas. La reconnaissance est ainsi présentée comme un outil tactique plutôt qu’un acte de justice.

Cette logique déplace le cœur du problème. Elle suggère que la légitimité Palestinienne ne repose pas sur des décennies d’occupation, de dépossession et, aujourd’hui, sur l’évidence d’un désastre humanitaire à Gaza, mais qu’elle doit être validée dans la mesure où elle sert à marginaliser une organisation armée. En réduisant la reconnaissance à une arme contre un adversaire politique, on occulte la réalité : ce n’est pas le Hamas qui rend urgente l’affirmation d’un État Palestinien, c’est la destruction systématique d’un peuple privé de souveraineté.

Dans ce contexte, les États-Unis apparaissent plus isolés que jamais. Washington a choisi de ne pas participer à la conférence et figure parmi les dix seuls pays à avoir voté contre la résolution de l’Assemblée générale soutenant cette initiative. Ce refus traduit une constante : l’alignement absolu de la Maison Blanche sur la politique de Benjamin Netanyahou, au mépris d’un consensus international qui s’élargit de jour en jour.

Le contraste sera d’autant plus marqué que plusieurs alliés traditionnels des États-Unis — le Royaume-Uni, le Canada, l’Australie et la Belgique — ont rejoint la France dans cette reconnaissance. Une dynamique se dessine, qui ne mettra peut-être pas fin à la guerre ni aux souffrances de Gaza, mais qui souligne la fracture grandissante entre l’Amérique et ses partenaires.

La question reste entière : que vaut une reconnaissance si elle n’est pas motivée par l’impératif d’arrêter le bain de sang ? Les Palestiniens ne réclament pas un statut symbolique destiné à contourner le Hamas, mais la possibilité d’exister comme peuple et comme État, à l’abri d’un conflit interminable et d’une violence sans frein.

En insistant sur la marginalisation du Hamas comme justification principale, les capitales occidentales évitent de nommer l’essentiel : le drame de Gaza est d’abord le produit d’une guerre menée sans limites par le gouvernement de droite Israélien, avec l’aval de l’actuelle administration Americaine. Et si cette déclaration de reconnaissance n’est pas accompagnée de décisions concrètes — sanctions économiques, pressions politiques et conditionnalité claire imposées à Benjamin Netanyahou — elle restera lettre morte.

Sans cette volonté d’agir, la reconnaissance risque de n’être qu’un exercice de style diplomatique, caduc dès sa proclamation.

 
3 Commentaires

Publié par le 21 septembre 2025 dans Politique et Société

 

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3 réponses à “Un État proclamé, un peuple oublié,

  1. Avatar de bizak

    hamitoucheah

    22 septembre 2025 at 03:28

    L’occident est un serpent à mille têtes, il n’a pas fini de se contorsionner et semer le désordre dans sa hargne de dominateur et d’agresseur. Il faut dire que les arabes dans leur majorité, lui ont dressé, superbement un piédestal, pour perdurer dans son ignominie.

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    • Avatar de Jasmins de nuit

      Jasmins de nuit

      27 septembre 2025 at 20:42

      Ce n’est pas faute d’avoir annoncé la nouvelle carte mondiale, helas.

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    • Avatar de Jasmins de nuit

      Jasmins de nuit

      29 octobre 2025 at 16:14

      Les criminels ne se cachent plus bien au contraire ils revendiquent leur forfaits et en tirent une « légitimité ».

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