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Réseaux sociaux : la guerre des récits a commencé, et les démocraties sont en retard.

On a cru, naïvement, que les réseaux sociaux allaient ouvrir les sociétés.
Ils ont surtout ouvert un nouveau champ de bataille.

Aujourd’hui, chaque régime — autoritaire, populiste ou démocratique — a compris comment transformer les plateformes en armes de pouvoir. Le citoyen y poste des stories. Le pouvoir, lui, y mène une guerre permanente : narrative, algorithmique, émotionnelle.

Aux États-Unis, l’ère Trump a inauguré une nouvelle forme de gouvernance : l’influence comme mode d’action politique. Twitter, puis Truth Social, sont devenus le centre de gravité du discours public. La logique algorithmique — clash, confusion, captation de l’attention — a pris le pas sur le débat. Le résultat est connu : polarisation extrême, perte de réalité commune, effondrement du contrat démocratique.

En Russie, l’arme est différente, mais le but est le même : désorganiser l’espace mental. Pas besoin de convaincre. Il suffit d’épuiser : bots, désinformation, chaos informationnel. L’influence devient sabotage. À l’intérieur, le contrôle est total. À l’extérieur, le bruit devient stratégie.

En Chine, l’outil est technologique, froid, méthodique. Les réseaux sociaux ne sont ni libres, ni ouverts. Ils sont intégrés à l’architecture du pouvoir : surveillance, censure, formatage idéologique. L’opinion publique y est gérée comme une variable d’ingénierie sociale.

Et les démocraties, dans tout cela ?
Elles observent. Elles débattent. Elles légifèrent — lentement. Mais elles n’agissent pas à la hauteur du choc.

Le problème est structurel : les institutions ont été conçues pour un monde de délibération, pas de viralité. Elles avancent à la vitesse du droit, tandis que l’information avance à la vitesse du bug. Les plateformes sont plus puissantes que bien des États. Et les règles du débat public ne leur appartiennent plus.

Pire encore, les démocraties continuent de croire que la politique est affaire d’arguments. Alors que les réseaux imposent une autre grammaire : émotion, indignation, accélération. La peur et la colère y dominent. Et la vérité y meurt.

Ce qui se joue n’est pas une crise passagère.
C’est une transformation radicale du pouvoir.
Les régimes autoritaires contrôlent les récits.
Les populistes les saturent.
Et les démocraties les perdent.

La guerre des récits a commencé. Et il est temps, enfin, de la prendre au sérieux.

 
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Publié par le 26 juillet 2025 dans Politique et Société

 

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