Je suis une musulmane qui fait carême.
Je suis une musulmane qui fait carême.
– A ta place ,je me garderai d’affirmer que c’est le tout noir ou l’absolument blanc. C’est comme qui dirait la méchanceté est la fin de l’émerveillement ou alors la folie est l’aboutissement de l’extrême fragilité . Avoue que c’est totalement extravagant, lunaire, absurde.
– J’ai plutôt faim, moi. Je nous prépare des pâtes, tu en prendras bien un peu?,
– Suppose qu’il n’y ait jamais eu de mots, qu’aurait fait l’homme pour cadrer l’improbable? Tu nous vois inscrits dans l’aérien pour proscrire l’immobilisme?. Tiens, essaye de chanter les gammes du solfège mais a l’envers. Cela donnerait une sorte de « do si la si fa mi dore ». Répète sur le mode aigu, pour voir?. j’aimerai que tu puisses entendre l’infinie justesse du solfège en contre sens.
– De l’huile d’olive ou du beurre pour les pâtes?
– La binarité comme concept ne tient plus la route, c’est moi qui te le dis. L’immensément precis est » l’inter-genre ». Tout se rejoint, s’imbrique, se recompose ext,ext,ext.
– Oui, oui ,je vois c’est comme manger que l’on considère comme un exercice pratiquement androgyne dans le sens ou mâle et femelle peuvent le pratiquer.
– Pourquoi j’ai l’impression que tu te payes ma tete?
– Moi?. Je suis l’innocence incarnée en une affirmation bleu. Ni blanc ni noir mais bleu, fair enough?.
Elle hesita une seconde avant de griffonner en guise de baissée de rideau:
Raconter sa vie c’est surtout s’inventer des points communs.
Washington 2016.
Photos de Lydia Chebbine.
Il avait coutume de dévaler la colline a la pointe du jour, après un siècle d’absence. Il se présentait cote jardin, mains dans les poches en sifflotant un air jazzy avant de donner trois coups léger sur la porte vitrée .
Elle devinait son sourire moqueur,sa voix poivrée,son souffle en bulles de savon…
Besoin d’un siècle pour réussir une torsion sur la vie, mettre de l’ordre dans ses palpitations , déplier ses pas, remettre les mots dans le bon ordre: sujet,verbe,complément ,faire ses gammes,travailler ses effets et ne pas se laisser envahir par les possessifs,les suffixes et ses autres préfixes
Trois nouveaux coups sur la porte vitrée,un peu plus posées,ceux la, un tantinet insistants.
Faudrait repenser la vie des déplacés,faudrait reprendre les entres-deux, déployer les gestes religieux,dramatiser les cheminement ,donner du relief, composer l’instant…
Elle opta pour une clarté de bougie baignée de rose et tendit une main tremblante vers la porte en verre.
Washington DC, ville blanche, le paysage se résume en deux structures symétriques glacées annulant l’effet miroir qu’offrait la surface du fleuve potomac au ciel.
L’hiver se tait et laisse place a la lumière, ma promenade, ce matin,tournera vite au rayonnement carré, fermé a toutes allégories optiques.
Le tableau grandeur nature opte pour l’absolu plat comme unique variante de perspective, une manière de souligner la solidité du cadre.
Nous assistons, en ce matin du mois de février a un cour magistral que nous donnerait Dame nature qui se se drape d’audace et décline avec une extrême grâce l’élégance des mouvements de retrait.
Prenons en de la graine et travaillons la justesse de nos pas…Se renouveler, savoir s’éclipser mais tenir ses promesses d’émerveillement, serait, donc, l’ultime leçon de vie.
Il s’agit essentiellement de fragments autobiographiques que nous calerons entre la fin du mois de juillet et la première semaine du mois d’août de l’année en cours…Du soleil en plusieurs fois vingt quatre heures pour tricoter une résonance,pour faire tinter l’affection,.
Une nappe blanche en lin ,des tasses en fine porcelaine Japonaise et l’odeur des croissants en déclinaison a un infini de possibilités du temps..le but étant celui de dérouler une esthétique a partir des gestes de tous les jours .
l’art de la poésie est un superbe éclat de rire devant sa tasse de café embaumant le parfum de vanille … Les palpitations bienfaisantes habillent l’espace et l’hymne a la vie se joue en famille.
les bonheurs simples en cette saison survolent les options exclusivement binaires du bien et du mal .
Superbes échappées du subtil durant lesquelles l’infime banal prend un sens extrême:
une famille se réunit,une famille se vit et revit… Face aux décalages horaires et aux Aéroports débordants ,des âmes, la devant nous, suivent les chemins des attentions fragiles.
Les vacances d’été ,suprême éclat de rire ,suprême éclat de vie.
Il y a de ces empreintes lumineuses qui vous marquent a vie … la littérature ,sous ses meilleurs jours ,est une fine dentelle de visages fragiles ,
des portraits tendrement écrits sur les bords de nos enfances lointaines.
Il m’arrive souvent, aux premières lueurs du jour ,a l’heure ou a tâtons ,je bloque la sonnerie du réveil matinal, de penser a ma grand-mère, celle qui portait le nom de tous les parfums réunis…Qu’est-ce que je dis , elle était le parfum de toute une vie.
Durant ces étés méditerranéens, mon papa avait coutume,vers les coups de 8h du matin,de pousser la lourde porte en bois de la maison,les bras chargés de « baghrir « une sorte de beignet saupoudré de sucre ainsi que des figues a la couleur violine mielleuses,parfumées et fraiches a souhait.
Il posait son offrande aux pieds de ma grand-mère assise sur son tapis de soie bleue ,au milieu du patio… Au croisement des émotions éphémères arrivait, alors, ma maman avec un plateau, de l’eau glacée et des assiettes…Elle m’expliquait à voix basse que ma mémé était Kabyle d’où son amour pour les figues et le baghrir.
« Lekbayel ihabbou el baghrir wel karmouss « .
J’habitais a l’époque, Annaba, une ville bleue ,de l’extrême est du pays, une ville a majorité écrasante d’arabophones.
Et depuis, j’ai gardé de la Kabylie ,le gout sucré des beignets tout chauds conjugués au sourire doré et reconnaissant de ma grand-mère assise a l’ombre de la vigne dans ce patio de toutes les palpitations.