Combien sont ils ces Algériens nés post 62 qui n’ont jamais vu de leur existence ni soldats Français ni harkis dans leur rue. Ces Algériens pur produit de l’école Algérienne libre n’ont pas biberonné au moudjahid ni au chahid. Des familles Algériennes et par milliers n’étaient pas, pour ainsi dire, inscrites dans le grand récit national sans pour autant manquer de nationalisme ou réserver un quelconque attachement a la France coloniale.
Pour une partie d’entre elles, il était urgent de s’inventer une histoire n’ayant pas d’autre choix que celui d’arrondir le dos devant la terrible pression de l’Algerien correct et demi + un quart .
Pour ce faire les affabulations chargèrent le mémoriel a la seule force de l’imaginaire cousu de clichés empruntés au cinema des glorieuse sous Boumediene.
Montagnes, kachabia en grosse laine, mahchoucha, berboucha servie a la sauvette entre deux vallons, une ou deux femmes en treillis trop grands, rattachés a la taille avec de la corde mais le must étaient indeniablement les chansons patriotiques avalées a grosses lampées et recrachées avec les tripes ,en forçant un chouia sur le « ach hadou, ach hadouuuuuu » afin de faire encore plus vrai qu’un Ali la pointe.
Ainsi vont les feintes et les subterfuges nécessaires au développement des légendes identitaires. Non ce n’est pas mentir que de souhaiter de toute ses forces d’appartenir a ce pays car ils n’en connaissaient pas d’autre.
Un hic cependant venait chahuter ces odyssées cousu mains a qui il manquait un encrage géographique, une dachra d’origine et un taleb ourlant l’historiette. Ainsi nous en arrivions a la veritable bombe a retardement qui hantait leurs nuits et scellait les lèvres tremblantes des petits enfants.
Chuuuuuuuuut.tic,tac,tic.tac,tic ..
Combien etaient-ils donc ces Algeriens a fouler pour la premiere fois en l’annee 62, leur terre natale a pied, entassés dans des camions, dans des bus, dans des ambulances ou tenant péniblement sur des montures de fortunes.
Combien etaient-ils a traverser la frontière Est avec ânes, femmes et enfants.
Tahya ezazeyer, yehya Ben bella, tahya Ezazeyer criaient -ils, heureux de retrouver un pays, une identité, une voix .
Ils redeviennent enfin des Algeriens et non des Ghraba – étrangers ou originaire du gharb – comme se plaisait a les appeler les Tunisiens.
Mais c’etait sans compter sur les « marsiens » en civil qui les rebaptisent menu militari » Lejiyine », littéralement les R E F U G I E S!.
Combien sont ils ces enfants de réfugiés essuyant gêne et ravalant péniblement leur honte durant les longues séances de cours d’histoire sur les bancs de l’ecole de la republique .
Non leur grand mere n’a jamais préparé de galette aux moudjahidines et leur grand pere n’a pas acheminé d’armes au FLN, pas meme une seule fois.
Pire leur pere ont fait leur service militaire dans des casernes Francaises a Alger, Constantine et Annaba sans pour autant être harkis puisqu’il en etait ainsi pour les jeunes Algeriens de Tunisie qui rentraient faire le service nationale dans les garnisons de l’armee Françaises en Algerie .
Cela leur tenait paradoxalement de preuve quant a leur totale Algerianite a l’époque.
Aujourd’hui, deux generations apres, les enfants des refugies Algeriens de Tunisie omettent de raconter ce périple familial contrairement aux refugies du Maroc qui ont fait de cette chronique une légitimité toute nouvelle et une supra nationalité.
l’Algérie de 2016, ce grand pays n’a pas fini de réinventer le mythe premier.
Si Caïn s’etait installé par le passé au Maroc, Abel est forcement réfugié a vie et sur sa terre natale.
slimane
26 avril 2017 at 08:58
Bonjour madame,
Merci de votre réponse et je m’excuse de ne pas avoir bien lui le mot « chouia », le prenant pour « chaouia ». Je m’incline devant ton amour et ton respect pour les tes compatriotes.
All the best.
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slimane
25 avril 2017 at 08:57
Bonjour Mme,
Sans vous connaître, permettez-moi de m’introduire tel un fugitif dans votre ‘blog’.
Je vous remercie pour cette belle rétrospection qui nous émeut à l’infini surtout en ces
temps qui font douter des convictions les plus enracinées et qui ne nous laissent aucune escapade.
J’aimerais, toutefois, faire une halte sur un passage de votre beau texte. il s’agit de la phrase du deuxième paragraphe » en forçant un chouia sur le « ach hadou, ach hadouuuuuu » afin de faire encore plus vrai qu’un Ali la pointe. »
Je crois savoir, Madame, que ce « chaouia » ou ces « chaouia-s » ont, en réalité, fait vrai avant Ali la Pointe, Allah yerhmou et nul besoin de faire de l’Histoire pour démontrer mes propos car comme disent les anglo-saxons: « Action speaks louder than words ».
Tout en vous souhaitant bonne continuation, je vous saurais gré de votre indulgence.
Slimane
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Jasmins de nuit
25 avril 2017 at 22:25
Bonsoir Slimane j’aimerai vous remercier pour votre halte sur cet espace et par la meme lever toute ambiguïté sur le ‘ chouïa’ dans le texte , référence au quantitatif et non au Chaouia. Je ne me permettrai jamais une telle stigmatisation des miens, vous le pensez bien.Merci egalement pour l’intérêt que vous avez porté à ces lignes et vos encouragements. Cheers.
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