-« toute seule, en le précédant. Il ne me prend pas la main, comme le matin, ou plutôt comme les deux premières années, quand j’étais plus petite. Je marche les yeux baissés ; nous passons devant la mairie, le long du kiosque à musique. Il n’y a que des hommes dans la rue. Les pères français, non plus, ne donnent pas la main à leurs fillettes, mais celles-ci au moins n’ont pas déjà honte de leurs jupes plissées qui leur arrivent aux genoux. Moi, si. Les regards des hommes arabes, sur l’autre trottoir, me visent seule. Pour les oublier, je me répète la sourate du jour afin de la débiter à ma mère, en rentrant. Elle en sera fière. Dans une semaine, je lui montrerai ma planchette ornée de mes dessins, dont j’aurai clos le texte appris. Elle invitera la femme du caïd et ses trois filles plus âgées que moi, qui viendront, toutes voilées, et se risqueront à pousser des youyous pour honorer mon savoir. » (…) Assia Djebar
Karim
10 août 2012 at 10:41
« leurs jupes plissées qui leur arrivent aux genoux » c’est donc qu’on a toujours eu un problème de ce côté… On ne nous dit pas tout et puis on ne sait plus comment ni pourquoi on en arrive toujours à reproduire le passé sans aucune chance de le dépasser!
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