C’est un excercice franchement périlleux que celui de vouloir ponctuer une toile d’aphorismes entendus et maintes fois usités, fatalement inutile.
Et qu’importe le renvoi technique ou le bavardage sur la grammaire des modulations. Encore moins la digression sur le trompe l’oeil ou l’aisance de la portraiture en étage voire le brossage de la perspective magistralement exécuté, blablablabla.
Privilégier plutôt le choc visuel, le paroxysme de la cavale mentale, les jambes qui vacillent, l’étourdissement, la déroute, l’hémorragie et le supplice du pourquoi une telle interprétation?
J’obtempére, respire profondement avant de remonter l’ovale des visages et m’engouffre dans l’intemporel.
L’univers pictural d’Ibrahim Achir est un cosmos en mouvement continu, les levres y sont frémissement et le regard clairvoyance.
Point de jour encore moins de nuit mais une lumiere somatique née par et pour le surprenant barbouillage.
Les personnages sont un brin inquiétants tout autant que l’écrin qui les souligne. Mimodrame ou femmes croisés, elles semblent suspendues entre le vivant et l’objet.
Chaque toile signé Achir est immanquablement une ode poétique et ça m’émeut et me transporte.
Toiles de l’Artiste peintre Brahim Achir.
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Femmes croisées,
Une nuit meilleure que mille mois…
Les petites filles aux cheveux Africains s’accrochaient désespérément a cette légende comme ultime délivrance voire la fin de leur damnation capillaire. Ainsi les boucles frisées, rêches, drues, laides et tellement haïssables pourraient disparaître a jamais par la seule grâce de la nuit du destin .
la mythologie précisait que devant un ciel d’un infini vert émeraude qui s’ouvrirait pendant la nuit du 27e jours du mois sacré, il suffirait a ces âmes inquiètes de formuler clairement leur vœux de voir transformer leur chevelure hirsute en une parure fabuleusement soyeuse tombant profondément jusque dans le bas du dos.
l’affaire pourtant simple en apparence, semblait quelque peu périlleuse. On susurrait que sur des terres lointaines une « Ousifa » – esclave noire- qui s’était prêtée au même jeu, celui de voir sa tignasse se métamorphoser en une douce toison lustrée, avait péri .
la malheureuse dans sa précipitation s’était trompée de formule et au lieu de dire:
– » Ya rabbi tratebli ch3ar rassi », O Dieu fasse que mes cheveux deviennent lisses .
Elle aurait dit :
– » Ya rabbi Tkabbarli rassi », O Dieu fasse que ma tète devienne plus volumineuse.
Sitôt son vœux énoncé, l’infortuné s’était retrouvée avec une tête aux proportions tellement déraisonnables qu’elle n’arrivait plus a l’extraire de l’ouverture de la fenêtre.
L’esclave finira par mourir ne pouvant se dégager de la lucarne.
Philosophie de l’histoire:
les femmes, ces êtres honnies, depuis la nuit des temps, ne sauraient connaître les joies de la la grâce divine et les petites filles verraient toujours d’un œil inquiet leur destin.
Bon ramadan a tous.
Inter _humain…
Je suis une musulmane qui fait carême.
Sur les fleurs et les musées,
Il aurait fallu des fleurs, beaucoup de fleurs pour parler des silences nécessaires aux mises en place les plus folles, celles de l’entre deux saisons.
Il aurait fallu de la distance, des ratages et toutes les nuits blanches.
Il aurait fallu réapprendre les mots, restituer les couleurs, décoder les notes et multiplier les possibilités de…
Il aurait fallu caler ses palpitations sur le tracé tâtonnant du crayon noir, peaufiner les manières de voir et tour a tour insuffler du rythme en creusant la nuance entre l’épuré et le sans fioriture .
Mais encore?
De la tristesse de ne pouvoir vivre en fleurs, elle gardera le gout amer de son échec a prolonger les saisons de printemps.
Photo de Lydia Chebbine.
Format poche…
Photos de Lydia Chebbine.
U.S.A. 2016.
« L’homme dans la lumiere ». Par Ziani.
Il y a de ces coups de cœur esthetiques que l’on ne peut expliquer par la justesse du trait ni celle de l’habilité a déconstruire les codes visuels. Hocine Ziani, l’artiste peintre Algérien nous invite exceptionnellement a escalader l’eceuil spirituel en pariant sur l’ingéniosité de l’humain a se projeter dans un monde de lumière. C’est dire la complexité de la tache et la démesure de l’artiste.
« l’homme dans la lumiere », une peinture a l’huile de lin 146×114 cm est un montage en superposition, une sculpture qui emprunte a la syntaxe du friable, de l’équivoque voire de la controverse. La toile, oeuvre exposée en permanence a l’eglise d’Auenheim est un prologue sur nos contradictions spirituelles principalement nourries et savamment orchestrées par la laideur du tout religieux/idéologique.
Ziani cède a cet instant son identité artistique et pénètre de plein » pinceau » dans l’arène de l’actualité en endossant consciemment le costume de lanceur d’alerte. C’est egalement a ce titre que les artistes sont si nécessaires et ce depuis le premier jour.
Il trace , étoffe et sculpte une espèce de jeu de miroir qui nous renvoie non sans brutalité a la tumulte ambiante puisque rien ne semble pouvoir contenir l’escalade fatale qui parle exclusivement et dans le chaos du triptyque Mohamed /Moise/ Jésus.
Les noms se bousculent , se succèdent , le danger persiste, gronde,s’amplifie et déborde en se calant sur l’acharnement dont fait preuve les différents protagonistes a s’exclurent méthodiquement les uns les autres.
La toile ouvre sur une silhouette incandescente, placée en contre plongée sur le sommet d’un cône/montagne mousseuse . l’aplat gradé suspendu en buée est taché de brun/ impuretés du monde.
L’artiste nous contraint a lever la tète incitant un effort certain de notre part, faisant fi de notre pénibilité a se surélever des petitesses de la chose humaine.
la silhouette/prophète est de dos comme pour se démarquer des inscriptions de genre et de temporalité car il y va de la survivance de l’espèce humaine.
Nous sommes,ainsi, tous concernés par cette quête de l’impératif « vivre ensemble » . C’est en tout cas ce qui ressort de l’écriture picturale de Ziani.
« l’homme dans la lumiere » est un modelage de la sagesse et un plaidoyer a la faveur de la lucidité humaine qui finira par avoir raison des ruines qui guettent le progrès et l’intelligence.
Merci a Ziani de sa sollicitude et de son infinie générosité..
L’Homme dans la Lumière, par Ziani
Peinture à l’huile sur toile de lin, 146X114cm, 2014
Œuvre exposée en permanence à l’église d’Auenheim, Allemagne.
PS:
Perso je vois aisément la silouette/prophete habillée en bleu mais la nous touchons a la bizarrerie du regardeur. Cheers,
Samedi soir a la maison…
– A ta place ,je me garderai d’affirmer que c’est le tout noir ou l’absolument blanc. C’est comme qui dirait la méchanceté est la fin de l’émerveillement ou alors la folie est l’aboutissement de l’extrême fragilité . Avoue que c’est totalement extravagant, lunaire, absurde.
– J’ai plutôt faim, moi. Je nous prépare des pâtes, tu en prendras bien un peu?,
– Suppose qu’il n’y ait jamais eu de mots, qu’aurait fait l’homme pour cadrer l’improbable? Tu nous vois inscrits dans l’aérien pour proscrire l’immobilisme?. Tiens, essaye de chanter les gammes du solfège mais a l’envers. Cela donnerait une sorte de « do si la si fa mi dore ». Répète sur le mode aigu, pour voir?. j’aimerai que tu puisses entendre l’infinie justesse du solfège en contre sens.
– De l’huile d’olive ou du beurre pour les pâtes?
– La binarité comme concept ne tient plus la route, c’est moi qui te le dis. L’immensément precis est » l’inter-genre ». Tout se rejoint, s’imbrique, se recompose ext,ext,ext.
– Oui, oui ,je vois c’est comme manger que l’on considère comme un exercice pratiquement androgyne dans le sens ou mâle et femelle peuvent le pratiquer.
– Pourquoi j’ai l’impression que tu te payes ma tete?
– Moi?. Je suis l’innocence incarnée en une affirmation bleu. Ni blanc ni noir mais bleu, fair enough?.
Elle hesita une seconde avant de griffonner en guise de baissée de rideau:
Raconter sa vie c’est surtout s’inventer des points communs.
Washington 2016.
Photos de Lydia Chebbine.
Fantôme de femme…
Vous êtes jeune,belle,talentueuse , insouciante, vous vous appelez Gerda Wegener et vous demandez exceptionnellement a votre mari de poser pour vous en… femme.
Gerda qui vivait de »sketching « de portraits en série sans grand succès, jusque la, vient de bouleverser par un seul geste, la palette chromatique et sa propre vie en déclinant une oeuvre en tiroirs sur « l’être/ femme ».
Le réalisateur Tom Hooper tentera tout au long de son dernier film « The Danish Girl » de scruter, disséquer,repenser et arpenter le ressenti feminin avec une tendresse et une pertinence désarmantes.
« The Danish Girl » est définitivement une déclaration d’amour a la Femme qui tour a tour aime, souffre, construit et pardonne a fleur de femme si tant il nous est possible de dépeindre l’abnégation infinie de la mère, épouse, amoureuse mais egalement croqueuse d’homme capable du meilleur comme du pire.
Gerda Wegener qui vit aux premières loges la transformation de son mari en femme, apprendra a mieux connaitre sa rivale Lili dans la douleur et la solitude la plus absolue.
Un portrait en couches successives d’une créature/ maîtresse qui souffle tout sur son passage a commencer par le mariage de ce jeune couple d’artistes peintres.
Lili optera ainsi, au grand désespoir de Gerda, pour sa toute nouvelle frémissante vie de femme et renoncera a sa vie d’époux et de peintre très prometteuse, pourtant.
02:00 heures de screening,donc, pour raconter les frontieres fabuleusement
floues du genre sexuel , la tenacite des archétypes sociaux et l’improbabilité de nos palpitations, celles les plus secrètes.
« The Danish Girl » est un récit sur la férocité des rivalités féminines. Un panoramique sur le tumulte au milieu duquel s’affrontent violemment deux femmes qui aiment puissamment et qui ne devront leur survie qu’a la disparition de l’une d’entre elle.
Eddie Redmayn -Lili dans le film porte magistralement l’histoire vraie d’Einar Wegener , un peintre à succès et l’une des premières personnes à subir une intervention chirurgicale de changement de sexe- signe avec ce foisonnement de pellicules une sincère introspection dont personne n’est a l’abri dans cette culture du tout définitif.
Avis du cinéphile:
A voir impérieusement pour la sublime direction photo et les nombreux plans filmés sur le mode impressionniste en plus de la prestation bluffante d’Eddy Redman et celle d’ Alicia Vikander pressentis tous les deux pour pour l’oscar 2016.
Fiche technique:
Realisateur: Tom Hooper.
Directeur musical : Alexandre Desplat
Scénario : Lucinda Coxon.
Avec :Eddie Redmayne, Alicia Vikander, Matthias Schoenaerts, Ben Whishaw, Amber Heard
Durée : 02:00mn
Sortie:
Washington DC: 12 decembre 2015.
Londres: 01 janvier 2016.
Paris: 20 Janvier 2016.