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Archives de Tag: Femme

la seule vérité nue…

thinker

Hommage à Aliaa Magda Elmahdy, la seule vérité nue
par Kamel Daoud. 

«Le corps n’est pas une saleté. Ce n’est pas le crime de mes parents. Ce n’est pas un fardeau. C’est ma joie, mon cosmos, mon sentier et le seul lien que j’ai avec le Dieu ou la pierre et la courbure du monde. Il est mon sens et le sens de ce qui me regarde et m’obstrue ou m’éclaire. Je ne le porte pas derrière mon dos mais devant moi comme un déchiffreur de mon souffle et de ma part du monde, sa poussière, odeurs et grains et poids. Mon corps est mon délice et ma vérité. On m’arrache la vie quand on m’arrache le corps et la vie m’est redonnée quand je rencontre l’autre en son corps, et c’est là que je donne la vie. Et c’est une longue histoire que je ne veux plus subir : l’histoire des religions de mon monde qui me disent et me répètent que mon corps est mon aveuglement et ma perte. Ma vérité est nue et visible quand mon corps n’est pas une obscurité ni une honte. Le corps est la seule divinité et éternité que je peux toucher de la main et lui donner un nom ou y arracher et y partager le mien. C’est dans le corps que je rencontre le ciel ou le perds, pas dans la prière. Je le rêve nu, fier, vigoureux, acclamé dans la performance, salué comme un bonheur et une conquête. Je le veux libre : je ne veux pas qu’il s’excuse, se cache, se plie, souffre ou s’isole ou s’enfonce ou espère autre chose que lui-même. Le corps n’est pas une nationalité mais ma seule humanité.Le corps n’est pas le lieu de vos guerres mais l’espace de mes rencontres. C’est une étreinte. Je ne suis pas l’enfant d’un fruit volé, mais le fruit lui-même. Donné et accepté. Je veux vivre libre de mon corps. Ne plus le cacher ni l’imposer, l’accepter pas accepter de m’en défaire et de le trahir. Ma nudité est ma sincérité. Ma sexualité est mon partage, pas ma honte. Et je refuse la menace de l’enfer et la promesse du paradis promis seulement après m’être débarrassée de mon corps et l’avoir trahi. Je ne le veux pas. Je suis ce que je ressens. Le sable sous la plante du pied, et vers le ciel je lève mes yeux et pas mes paumes. Je suis la moitié du monde pas son butin, sa colère, ou son angle mort ou sa basse œuvre ou sa saleté. Je veux me sentir proche du soleil, pas de la vérité. Me sentir époux et épouse de la plénitude. Pourquoi tant de haine contre mon corps ? Parce que c’est ma seule richesse face aux Dieux qui en sont pauvres et désincarnés. Je suis un corps et ils ne sont que des empires. Je suis le lieu et ils sont l’histoire. C’est ce que m’envient les anges et les diables et les règnes invisibles. Alors que je l’affirme par la peau : je suis contre toutes les religions qui veulent me voler ma naissance pour naître sur mon dos. Je ne me (le) cacherais plus. Seule la mort peut me tuer. Le reste, non, juste m’assombrir. Le corps est un cri, pas un crime, pas une croyance; un écrin, pas une croix, une crasse. C’est ma joie, ma foi. Ma résistance. Je refuse le reste. Refuse ce qu’on m’a dit sur le ciel, le livre, la honte, le sexe et l’éternité. Tout doit s’arrêter. Je dis non à tout ce qu’on m’a dit sur mon corps depuis toujours.Et j’en rêve : c’est quand le corps n’est pas une honte que la vie est une conquête, le pays une chair et la terre une maternité que l’on sent dans la paume et le poumon et le manque en soi. C’est ainsi. J’aime les anciennes religions du corps et du soleil. Celles qu’on a tuées par la culpabilité et l’abstinence et le gémissement morbide. Le paradis est dans mes sens pas dans la mort. Et même pour meubler l’enfer, on a besoin de mon corps, pas de mon âme ! Je ne suis pas à cacher mais à révéler. Je ne suis pas à insulter mais à admirer. Le premier écrit. Le «pluriscrit» énigmatique et ravissant. Le vrai nord de tous les corps. Le seul sens de tous les sens. Le dessin de Dieu. Le pont entre le monde et le souffle. Et c’est pourquoi ils sont contre moi : les haineux, les salafistes, les religieux, les honteux, les accablés, les tristes, les vaincus et les colériques et ceux qui sont contre eux-mêmes et qui sont des millions. Je suis unique. A chaque fois. Mon miracle. Quand la femme est enfermée, les hommes ne sont jamais libres et le corps est une maladie. Libérez-moi, vous en serez encore plus libres ».

 

 
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Publié par le 26 décembre 2012 dans A pile et face

 

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Femmes Algeriennes dans leurs appartements…

Ce n’était pas tout a fait la nuit mais le soleil s’était retiré depuis un moment deja et sous cette lumière bleuâtre et fragile je voyais la silhouette qui remontait la rue . 
 On apercevait au départ le corps drapé de voile blanc, léger et surtout précieux car tissé de soie pure et rayé de fils d’or et d’argent .
Puis me parvenait Le bruit des talons claquants et urbains…des sons auxquels j’étais habitue car il s’agissait des notes de la médina .
le haik laissait deviner les épaules fragiles, la taille fine et l’ondulation du corps racontant une grâce millénaire qui remonterait jusqu’au porte d’Istanbul….
la voilette courte en dentelle ne laissait voir du visage que les yeux d’un noir profond au regard  caressant  … le mouvement des lourds cils noirs et recourbés soulignait délicieusement cette intensité unique et  dangereusement  bouleversante.
A défaut de voir le visage on glisse vers les jambes galbées  et marbrées que laissait entrevoir la fente du serouel Algerois ..le contact de l’étoffe avec la peau noyait la silhouette dans une douce mélodie de froufrous soyeux.. 
Volupté , désir, beauté , féminité, raffinement sobriété autant de respirations pour raconter l’Algérienne en haik qui venait tous les soirs chatouiller mes rêves …ceux d’une petite fille en plein balbutiements  » chrysalides ».

 
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Publié par le 5 juillet 2012 dans A pile et face

 

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