Il y a d’abord les yeux noirs vifs qui vous scrutent avec ce je ne sais quoi d’infinie douceur et puis le sourire bon comme celui d’une maman .Yacine Kateb le père de l’Algérie est d’une simplicité Presque déconcertante…
L’hôtel El Djazair en cette matinée ensoleillée de septembre 88 étalait son luxe , marbre glacé , tapis rouges , plantes grasses , des clients en cravate en soie , des femmes belles comme seule la méditerranée sait en inventer et … Yacine Kateb en bleu de chine , les cheveux disciplinés qui me faisait face . -« Un jus d’orange pour la demoiselle et une bière fraîche pour moi « . demande t-il au serveur.
Moi fraîchement diplômée et particulièrement émue de me retrouver avec le père de » Nedjma » , je me donnais un mal fou a trouver les meilleurs formulations pour enrober les pires bêtises genre : »Nedjma est elle la femme ou la patrie?’.
Et ainsi va la vie , l’illusion faisant son petit bout de chemin en compagnie d’un Kateb , tantôt écrivain insaisissable , tantôt Kateb l’homme a l’oeuvre unique quand il n’est pas “mécréant” ou carrément “anarchiste”. Kateb ce jour la était frémissant de tendresse pour son pays, pour ces millions de jeunes qui ne le connaissaient pas tous sûrement mais que lui sentait a travers son fils Amazigh dont il était si fier et de sa fille Nadia belle qu’il disait très belle…
-“ Pourquoi vouloir voiler les femmes ,on ne cache pas une rose. On n’emprisonne pas la beauté”,disait Kateb. Les yeux s’illuminent ,la langue se rebelle et Yacine réapparait .-”le plus gros travail est a faire au niveau du théâtre .Il faut parler aux gens .Il faut aller loin très loin « . crie Presque Kateb avant d’ajouter : -”c’ était en France dans un quartier d’immigrés , a l’ époque on jouait “Mohamed prends ta valise”. Les gens ont eu peur croyant qu’on allait les expulser » .
15ans de théâtre cela pourrait être une vie faite surtout d’exaltation , mais une exaltation lucide ou l’on exige une pédagogie au lexique ,ou l’on exige une âme révoltée au son du tambour , ou l’on parle Algérien aux Algeriens.
Pour cela Kateb fut traqué .Interdit dans son propre pays ,faut-il préciser. Car a l’étranger Kateb était connu.
Récupération politique diront certains en tout cas Kateb n’est pas de cet avis.
A ce propos il avait dit de son expérience audiovisuelle avec Issiakhem : – “je rappelle que je ne suis pas seulement écrivain,mais journaliste aussi. En effet j’ai réalisé avec Issiakhem , “poussière de juillet”.
Il s’agissait de portraits sur bandes de verre , moi j’ai donne les textes. Bien que le film n’ait coûté que la somme de 300 DA ,il a été primé a Belgrade et en Alexandrie ,(2 fois 1 prix international ) malheureusement ces deux prix nous ont ferme les portes au lieu de les ouvrir”.
Les portes dont parlait Kateb ne sont autres que celles de la TV et la radio Algérienne , la RTA avec ses cadres et ses agents ont contribue au matraquage psychologique , le travail d’épuration n’a pas été fait et aujourd’hui encore ,il y a des gens qui renforcent ce négativisme “. Déclarait Kateb.
50ans d’ écriture , une autre façon de parler de Kateb qui refuse de parler de mouvement litteraire contemporain Algérien : -’Il serait plus juste de parler d’écrivains . Le meilleur est Mimouni pour son courage et sa vision profonde des choses .”Tombeza” a marqué indéniablement un tournant décisive dans “la littérature critique Algérienne , chose impossible auparavant…”, Apprend-on de Yacine .
cette reconnaissance de l’autre est encore une fois l’expression d’une profonde noblesse et d’une grandeur d’âme dont seuls ces hommes les vrais, en sont capables : – “L’ écriture en spirale , dont on dit que je suis le père , est une invention des critiques . Moi j’ai écrit “Nedjma “comme je l’ai vécue. Je me suis laisse entièrement prendre par le cas de Nedjma ,la femme représente une image du pays qui est encore a l’ état du rêve . L’amour de la femme se confonds avec l’amour du pays . la femme aimée par l’ Algérien est restée insaisissable . Les mariages d’amour sont rares . De même pour le pays ,la notion de l’ Algérie libre était inconcevable . Aujourd’hui encore elle est insaisissable”. explique t-il.
Une façon de rester encore et toujours attaché a son pays . Malgré la maladie qui commençait son effroyable déploiement dans le corps de l’homme, “Le Bonheur ne se raconte pas ,il se vit. Il est égoïste .Les difficultés ,les souffrances poussent les gens a écrire . La joie peut inspirer mais il faut qu’elle existe . Si nous voulons le Bonheur d’un peuple , il faut créer les conditions pour ».
L’homme au Cœur cristal dont le nom se confond avec son pays , n’a t-on pas parle de l’ Algérie a travers son portrait dans “racine” produit par TF! – restera jusqu’à ses derniers moment égal a la puissance de son jaillissement poétique offert a une femme unique , étrange et admirable : “la vie”.
Latifa Kharrat . Alger .Journal ”Horizon” le 29/10/1992.
NB:
Cet article « témoignage » a été écrit a l’occasion de la 3e commémoration de l’anniversaire de la mort de Kateb Yacine. Paix a son âme.
Faiza
12 mars 2012 at 00:57
En pleine guerre d’Algerie, Nedjma s’est déterminé comme un roman édificateur de la littérature Algerienne !
« Et j’ecris en Français pr dire aux français que je ne ss pas Français » Sacré Kateb !
Boussettes Latifa
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yasmina
10 mars 2012 at 19:14
Tu as eu donc l’occasion de voir et de parler au pere de Nadjma, veinarde!!!! Tres beau texte, des fautes, non, je n’en ai pas vu sauf peut etre un petit accent mais je ne fais pas mieux, mon qwerty n’a pas d’eccent. J’ai comme le coeur serre en lisant le texte, j’aurais voullu que l’Algerie continue a porter des auteurs comme K.Yacine. Malheureusement, il faut peut-etre l’admettre, des hommes qui mettent leur talent dans les causes qu’ils defendent ne courent plus les rues.
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Jasmins de nuit
10 mars 2012 at 21:26
Coucou Yass…Tu as raison Kateb est un homme pas comme les autres. Il est d’une gentillesse et d’une simplicité intimidantes bien des fois..
Je l’avais revue juste avant sa mort lors du festival international du court métrage.A l’époque le géant était bien atteint mais le sourire est resté le même…
– » je ne sais pas si vous vous rappelez de moi , je voulais juste vous saluer Mr Kateb ».
Yacine , fidèle a Kateb me lança malicieusement : – » Alors tu carbures toujours au jus d’orange Latifa? ».
Tu as raison Yass des hommes Algeriens comme Kateb on en trouve et on n’en trouvera pas de sitôt. cheers.
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Jasmins de nuit
8 mars 2012 at 22:58
Merci pour ton passage et tes vœux Said Farez…..Concernant les femmes en Algérie je suis certaine qu’elles sont pleines de ressources.
Pour les fautes d’orthographes , je te trouve bien sévère . Lol .
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Farez
8 mars 2012 at 21:56
Pour commencer, je dois te féliciter pour ce travail formidable que tu fais! Je ne peux dire plus! Ensuite, à l’occasion du 8 mars, je souhaite que les femmes comme toi soient nombreuses, mais vivant en Algérie! Enfin, en lisant ton texte, j’ai été gêné par les omissions orthographiques et la mauvaise ponctuation.
Bonne continuation.
said Farez.
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