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Archives du 8 mars 2012

Kateb Yacine: “Le Bonheur se vit”.

Il y a d’abord les yeux noirs vifs qui vous scrutent avec ce je ne sais quoi d’infinie douceur et puis le sourire bon comme celui d’une  maman  .Yacine Kateb le père de l’Algérie est d’une simplicité Presque déconcertante…

 
L’hôtel El Djazair en cette matinée ensoleillée de septembre 88 étalait son luxe , marbre glacé , tapis rouges , plantes grasses , des clients en cravate en soie ,  des femmes belles comme seule la méditerranée sait en inventer et … Yacine Kateb en bleu de chine , les cheveux disciplinés qui me faisait face . -« Un jus d’orange pour la demoiselle et une bière fraîche pour moi « . demande t-il au serveur.
Moi fraîchement diplômée et particulièrement émue de me retrouver avec le père de » Nedjma » , je me donnais un mal fou a trouver les meilleurs formulations pour enrober les pires bêtises genre  : »Nedjma est elle la femme ou la patrie?’.

Et ainsi va la vie , l’illusion faisant son petit bout de chemin en compagnie d’un Kateb  , tantôt écrivain insaisissable , tantôt  Kateb l’homme a l’oeuvre unique quand il n’est pas “mécréant” ou carrément “anarchiste”. Kateb ce jour la était frémissant de tendresse pour son pays, pour ces millions de jeunes qui ne le connaissaient pas  tous sûrement mais que lui sentait a travers son fils Amazigh dont il était si fier et de sa fille Nadia belle qu’il disait très belle…
-“ Pourquoi vouloir voiler les femmes ,on ne cache pas une rose. On n’emprisonne pas la beauté”,disait Kateb. Les yeux s’illuminent ,la langue se rebelle  et Yacine réapparait .-”le plus gros travail est a faire au niveau du théâtre .Il faut parler aux gens .Il faut aller loin très loin « .  crie Presque Kateb avant d’ajouter   : -”c’ était en France dans un quartier d’immigrés , a l’ époque on jouait “Mohamed prends ta valise”. Les gens ont eu peur croyant qu’on allait les expulser » .
 15ans de théâtre cela pourrait être une vie faite surtout d’exaltation  ,  mais une exaltation lucide ou l’on exige une pédagogie au lexique ,ou l’on exige une âme révoltée au son du tambour ,  ou l’on parle Algérien aux Algeriens.
Pour cela Kateb fut traqué .Interdit dans son propre pays ,faut-il préciser.
Car a l’étranger Kateb était connu.
Récupération politique diront certains en tout cas Kateb n’est pas de cet avis.
A ce propos il avait dit de son expérience audiovisuelle avec Issiakhem : – “je rappelle que je ne suis pas seulement écrivain,mais journaliste aussi. En effet j’ai réalisé  avec Issiakhem , “poussière de juillet”.
Il s’agissait de portraits sur bandes de verre  , moi j’ai donne les textes. Bien que le film n’ait coûté que la somme de 300 DA ,il a été primé a Belgrade et en Alexandrie ,(2 fois 1 prix international ) malheureusement ces deux prix nous ont ferme les portes au lieu de les ouvrir”.

Les portes dont parlait Kateb ne sont autres que celles de la TV et la radio  Algérienne ,   la RTA avec ses cadres et ses agents ont contribue au matraquage psychologique , le travail d’épuration n’a pas été fait  et  aujourd’hui encore ,il y a des gens qui renforcent ce négativisme “.  Déclarait Kateb.
50ans d’ écriture  , une autre façon de parler de Kateb qui refuse de parler de mouvement  litteraire contemporain Algérien : -’Il serait plus juste de parler d’écrivains . Le meilleur est Mimouni pour son courage et sa vision profonde des choses .”Tombeza” a marqué indéniablement un tournant décisive dans “la littérature critique Algérienne ,  chose impossible auparavant…”,   Apprend-on de Yacine .
cette reconnaissance de l’autre est encore une fois l’expression d’une profonde noblesse et d’une grandeur  d’âme dont seuls ces hommes les vrais, en sont capables  :  – “L’ écriture en spirale , dont on dit que je suis le père , est une invention des critiques . Moi j’ai écrit “Nedjma “comme je l’ai vécue. Je me suis laisse entièrement prendre par le cas de Nedjma ,la femme représente une image du pays qui est encore a l’ état du rêve . L’amour de la femme se confonds avec l’amour du pays . la femme aimée   par l’ Algérien  est restée insaisissable . Les mariages d’amour sont rares . De même pour le pays ,la notion de l’ Algérie libre était inconcevable . Aujourd’hui encore elle est insaisissable”. explique t-il.

Une façon de rester encore et toujours attaché   a son pays . Malgré  la maladie qui commençait son effroyable déploiement dans le corps de l’homme,  “Le Bonheur ne se raconte pas ,il se vit. Il est égoïste .Les difficultés ,les souffrances poussent   les gens a écrire . La joie peut inspirer mais il faut qu’elle existe . Si nous voulons le Bonheur d’un peuple , il faut créer les conditions pour ».
L’homme au Cœur cristal dont le nom se confond avec son  pays , n’a t-on pas parle de l’ Algérie  a  travers son portrait dans “racine” produit par TF! – restera jusqu’à ses derniers moment égal a la puissance de son jaillissement poétique offert a une femme unique , étrange et admirable :  “la vie”.

Latifa Kharrat . Alger .Journal ”Horizon”  le 29/10/1992.

NB:
Cet article  « témoignage » a été écrit a l’occasion de  la 3e commémoration de  l’anniversaire de la mort de Kateb Yacine. Paix a son âme.

 
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Publié par le 8 mars 2012 dans Litterrature

 
Vidéo

Kora et violoncelle…Rencontre insolite.

C’est l’histoire d’une rencontre insolite entre une kora et un violoncelle, on n’en trouve pas à tous les coins de rue . Alors, quand on tombe dessus , on remercie la vie et l’on se dit que nous sommes des privilégiés…
Ballaké Sissoko face à Vincent Ségal ou le fruit de trois nuits d’enregistrement à Bamako. Et ça s’entend.
Ces pièces enchanteresses sont un modèle de magie et de virtuosité.
On abolit  ainsi a coup de note les frontières musicales …on y navigue entre musiques classiques européennes et africaines, improvisations sur la pointe des pieds. Écoute, respect et émotion, une nouvelle devise à faire méditer …Décidément il s’agit de grand art.

NB:
La kora est un instrument de musique à cordes africain. C’est une harpe-luth mandingue (Sénégal, Mali, Gambie, Guinée, Sierra Leone…).
Selon la légende, la première kora était l’instrument personnel d’une femme-génie qui vivait dans les grottes de Kansala en Gambie.

 
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Publié par le 8 mars 2012 dans musiques et videos

 

La villa Abdel Tif . Un demi siecle de vie artistique en Algerie.

 

 

 

Dans la trilogie des  fondations nationales (Villa Médicis, Casa de Vélasquez), la Villa Abd-el-Tif inscrit son histoire en Algérie, de 1907 à 1962.
Une pittoresque saga d’artistes, pensionnaires boursiers communément appelés « les Abd-el-Tif », se joue entre ombre et lumière, formes et couleurs dans cette ancienne villa turque édifiée sur les hauts d’Alger.
La situation privilégiée de cette villa de style mauresque était parfaitement destinée à recevoir des artistes ; ils vont s’y succéder pendant un demi-siècle et seront au nombre de quatre-vingt-sept, soixante-sept peintres et graveurs, dix-sept sculpteurs et un seul architecte. Nous retrouvons Nivelt et Dubois chez les hommes bleus du Hoggar, Le Poitevin au Tassili des Adjers, Bouviolle chez les Ouled-Naïls, de Buzon à Ouargla au passage de la mission Lhote, Dufresne et Launois dans les quartiers à matelots du port d’Alger, Jouve chez les lions de Delacroix et tous les Abd-el-Tif dans l’espace saharien de Fromentin, Alger restant le port d’attache.

extrait du livre:
-La villa Abdel Tif  . Un demi siecle de vie artistique en Algerie..

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Publié par le 8 mars 2012 dans Arts Visuels