
Susciter des émotions, au moins ça, elle sait y faire.
Le récit des matins de fin d’été se construit sur des palpitations en forme de bulles de savon rondes, lisses, harmonieuses, intimes, nouvelles. La brise courait le long de l’enfilade des fenêtres ouvertes sur la lumière des premières heures, douce, infiniment douce.
Une poupée oubliée au coin du jardin, l’oiseau qui se pose dans un bruissement d’ailes sur le bord de la chaise en toile bleu Klein.
la peau exquisement dorée était encore tiède au sortir du lit sous le pyjamas coupé dans un délicat et onctueux cachemire blanc. Elle passait, plusieurs fois la main dans ses cheveux courts, très courts, coupés jusqu’au dessus des oreilles puis tente de lisser son regard en tapotant doucement sur ses paupières. Elle empruntait le procédé a une vielle science japonaise, le « taikyoku ken » qui veut dire littéralement « boxe avec l’ombre ». Elle appuyait ainsi légèrement sur sa rétine comme on jouait sur un tempo tres lent, libre, tranquille. A l’etage, l’accord était parfait entre l’odeur du premier café, la radio qui grésillait et le telephone qu’on laissait sonner un moment avant de décrocher.
– Allo,disait la voix, encore ensommeillée, a l’autre bout du monde.
– Bonjour, je te rajoute un peu de lait? Miel ou sucre?
Les harmonies étaient forcement légères, on jouait les retrouvailles a distance sur une musique minimaliste pour mieux parler de l’émotion qui nous tient debout.
– Tu m’entends ma chérie?
la voix basse, caressante, un rien poivrée égrenait, au delà des bornes kilométriques, un ordonnancement du merveilleux face au monde.
-Tu rentres quand?.
– Franchement,je ne sais pas. C’est encore plus compliqué que nous le pensions.
Le timbre de la voix se voile légèrement, un nuage passe. les intonations en deviennent obliques de peur de réveiller les obsessions des corps qui ont coutume de se mélanger.
– Je dois y aller. Je te rappelle dans la journée. Je t’embrasse.
Clic du téléphone, les accords s’embrouillent, la valse ne reprend pas à l’identique. 
Photo de Lydia Chebbine.
Jefferson memorial.Washington DC.September 2015.
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bizak
9 septembre 2015 at 17:03
Je répondrai par une citation de George Bernard Shaw: « Si tu as une pomme, que j’ai une pomme, et que l’on échange nos pommes, nous aurons chacun une pomme. Mais si tu as une idée, que j’ai une idée et que l’on échange nos idées, nous aurons chacun deux idées. »
Ce qui prouve, tout au moins que « dire » seul ne nous fait rien perdre, même si on n’a rien gagné !
Et ce qui me ramène aux quatre fameux accords toltèques de Miguel Ruiz:
1- Que votre parole soit impeccable (j’ajouterai : parlons peu mais parlons vrai!)
2- N’en faites jamais une affaire personnelle
3- Ne faites aucune supposition
4- Faites toujours de votre mieux
Cheers Latifa!
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Jasmins de nuit
10 septembre 2015 at 14:29
» N’en faites jamais une affaire personnelle ». Il y a aussi ce rapport de séduction « omni-hunmain » qui polie,lisse, ménage, soustrait, ne dit pas tout,arrondie pour ne pas dire ment et beaucoup sur nos peurs. Cheers.
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bizak
7 septembre 2015 at 12:55
Merveilleux texte où les mots flottent et frétillent dans une allégresse bleu matinale. J’aime votre façon d’écrire qui ne met pas de garde fou ou plutôt de muselière encombrante . Les mots s’éclatent d’eux même, libres comme une invite la réjouissance de la journée qui commence. Heureux de découvrir une plume fine et tendre à la fois. Merci Latifa de ce bouquet fleuri.
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Jasmins de nuit
9 septembre 2015 at 12:53
Quelqu’un disait, pourtant: ‘tout dire c’est perdre un peu. » Merci de tes encouragements Bizak.
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