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Archives du 7 septembre 2015

le deuxième temps…

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Susciter des émotions, au moins ça, elle sait y faire.

Le récit des matins de fin d’été se construit sur des palpitations en forme de bulles de savon rondes, lisses, harmonieuses, intimes, nouvelles. La brise courait le long de l’enfilade des fenêtres ouvertes sur la lumière des premières heures, douce, infiniment douce.
Une poupée oubliée au coin du jardin, l’oiseau qui se pose dans un bruissement d’ailes sur le bord de la chaise en toile bleu Klein.
la peau exquisement dorée  était  encore tiède au sortir du lit sous le pyjamas coupé dans un délicat et onctueux cachemire blanc. Elle passait, plusieurs fois la main dans ses cheveux courts, très courts, coupés jusqu’au dessus des oreilles puis tente de lisser son regard en tapotant doucement sur ses paupières. Elle empruntait le procédé a une vielle science japonaise, le « taikyoku ken » qui veut dire littéralement « boxe avec l’ombre ». Elle appuyait ainsi légèrement sur sa rétine comme on jouait sur un tempo tres lent, libre, tranquille. A l’etage, l’accord était parfait entre l’odeur du premier café, la radio qui grésillait et le telephone qu’on laissait sonner un moment avant de décrocher.
– Allo,disait la voix, encore ensommeillée, a l’autre bout du monde.
– Bonjour, je te rajoute un peu de lait? Miel ou sucre?
Les harmonies étaient forcement légères, on jouait les retrouvailles a distance sur une musique minimaliste pour mieux parler de l’émotion qui nous tient debout.
– Tu m’entends ma chérie?
la voix basse, caressante, un rien poivrée égrenait, au delà des bornes kilométriques, un ordonnancement du merveilleux face au monde.
-Tu rentres quand?.
– Franchement,je ne sais pas. C’est encore plus compliqué que nous le pensions.
Le timbre de la voix se voile légèrement, un nuage passe. les intonations en deviennent obliques de peur de réveiller les obsessions des corps qui ont coutume de se mélanger.
– Je dois y aller. Je te rappelle dans la journée. Je t’embrasse.

Clic du téléphone, les accords s’embrouillent, la valse ne reprend pas à l’identique. Processed with VSCOcam with b5 preset


Photo de Lydia Chebbine.
Jefferson memorial.Washington DC.September 2015.

 
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Publié par le 7 septembre 2015 dans A pile et face

 

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