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Archives Mensuelles: août 2015

Un agenda qui prétend…

Une femme se tient devant sa fenêtre. Il y a toujours une vitre dans ces cas la. Elle appuie le front contre la surface froide en activant la touche rewind.
Au seuil du monde, les chemises en lin blanc impeccablement repassées soulignaient avec une pointe d’insistance les peaux étonnement dorées. Les sourires n’étaient pas forcement sincères et les bouches de toutes ces mondaines,minutieusement tracées au rouge écarlate de Dior, se contractaient en dessinant des « Ohhhh » savamment dosés mais surtout divins que l’on suspendait juste au dessus des plats.
Exquis.
Il faut dire que l’ambassade Britannique sait y faire et quand sa majesté recevait pour le iftar c’est toutes les dunes de l’Arabie qui scintillaient jusqu’à tard, très tard dans la nuit .
Il l’a regardait un peu intrigué, beaucoup amusé, infiniment séduit. Leur hôte, un brillant diplomate, les avait placé côte à côté. Autour de la somptueuse table s’entrechoquaient des nationalités confondues, plénipotentiaires des sphères d’intérêts encore plus confondantes, disons le.
Madame la conférencière nous viendrait de New York . Ils avaient même échangé, il y a de cela quelques mois, sur l’urgence de protéger le temple antique de Baalshamin à Palmyre. Ne  pouvant assister a son exposé faute de caler  la séance entre deux vols, il s’est promis de la revoir et le plus vite possible .
Au  moment de servir le deuxième plat ,la voix fluette se détachait  des murs et des ombres langoureuses que dessinaient les flammes des bougies embaumant le bois de santal. Elle tournoyait au dessus de leur tête avant de venir se mêler aux tintement des verres en cristal.
Et cela faisait de jolis tchin,tchin.
Et cela donnait des histoires invraisemblables.
– Ma grand- mère avait coutume de donner des soirées légendaires dans sa villa du grand Alger.
On disait que la demeure aurait appartenu a Saint-Saëns.
On disait aussi que par une fiévreuse nuit du mois d’août quelque part sur les rives de la pointe Pescade, un homme de 38 ans, d’une lucidité intacte ouvrit grand la fenêtre de sa chambre et lâcha sur la ville par poignées entières des centaines de partitions musicales. Elle s’interrompit le temps de lisser un pli sur la nappe avec le souci d’accomplir quelque chose d’éminemment important avant de continuer sur le ton de la confidence en baissant d’un cran sa voix:
-Ma grand mère, elle, n’avait de ouïe que pour la séraphique Fadela et ses noubas.
– Est- elle toujours a Alger?
– Fadela? bien sur que non. Elle décédera en 70, le jour de ma naissance. Ma grand mère y a vu un signe et m’a fait juré de laisser chanter Fadela partout ou j’irai.
Bien entendu qu’il pensait a la grand-mère, lui.
Avant le dessert ,il tremblait déjà a l’idée de ne pouvoir revoir ce petit bout de femme qui ne faisait pas de grands « Oh » mais qui semblait fragilisée par la perte de Fadela.
– J’aimerai vous revoir dans la maison de votre grand mère .
– je n’y habite plus.
Suivra un mouvement précipité de toutes les lumières traversant a l’oblique l’enfilade des vitres donnant sur le jardin de la résidence.

Généralement la douleur était trop sourde. Ramassée, la boule juste au niveau de l’estomac s’amplifiait en boursouflures qui ralentissaient dangereusement sa respiration.
Le savoir loin encore, plusieurs fois dans le mois, dans l’année, durant quelques 25 ans, elle ne s’y résignera jamais et certainement pas durant la nuit.
Le jour,elle fera comme si en peinant a défroisser les chronologies boudeuses .
La perdition, les creux, le vide, les blancs, l’incompréhension, les enfonçures se résorberont, pour un moment, sous la couverture en cuir de chèvre du mémorandum souvent trop chargé .
la modernité entière serait-elle  un agenda qui prétend?
-J’ai menti, ce n’est pas seulement que je voudrai rester a tes cotés mais je le veux tellement.
C’était sa manière a lui d’annoncer les départs.
Washington DC.August 28.2015.
To be continued.

 
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Publié par le 27 août 2015 dans A pile et face

 

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l’intercis…

Elle aimait a évoquer l’histoire de cet homme que l’on aurait aperçu entre deux portes. Plongé dans la pénombre, il tenait de sa main ferme sa gorge.
La légende ne dira pas s’il essayait de retenir ses mots ou au contraire aidait a les libérer.
Elle était folle,un peu,beaucoup, prenait souvent des postures, n’apparaissait jamais sans un livre a la main et en oubliait souvent de se nourrir mais buvait des litres d’eau tiède. Absolument tiède, disait-elle avec un sourire.
Il choisit d’obtempérer voire de composer avec ses allusions pour faire sans cesse comme si car l’envie de construire l’emportait sur le reste. Il tendit la main et poussa les persiennes qui ouvraient sur la terrasse. Le jardin était ordonné,soigné et sentait tellement bon,peut être même que Dieu habitait dans chacune des fleurs.
-J’ai menti, ce n’est pas seulement que je voudrai rester a tes cotes mais je le veux tellement.

 
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Publié par le 18 août 2015 dans A pile et face

 

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A quoi bon raconter!

                                               

« Pourtant c’est mon ami, je savais tout de lui. Je lui disais les vers que je ne voulais pas publier. Il connaissait mon cœur. Il connaissait mon rêve. Lui seul savait l’exacte signification de mes sourires, de la fleur orpheline en haut des barricades, lui seul savait le journal qui n’acceptait pas tous mes papiers. Nous avions fredonné les mêmes chansonnettes; je chantais plus juste que lui, mais lui connaissais mieux les paroles que moi. C’était mon ami, attentif et savant. A quoi bon raconter? L’amitié est un privilège de temps de paix. »
Je t’offrirai une gazelle de Malek Haddad.

East building of the national gallery of art. Washington DC.
Friday,august 2015.

 
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Publié par le 14 août 2015 dans Litterrature

 

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Glamoroooooooooos…

L’été par un après-midi de fin de vacances, un mur blanc pour se décentrer, s’y confondre, s’y perdre.
Rien d’autre qu’une surface plate, pas de relief ni une quelconque impression.
– Vous y voyez l’ombre d’une théorie plausible,vous?.
-Rien qu’une sorte de fugacité et même pas réfléchie.
– je crains si…
-Vous craignez l’ambiguïté en pleine blancheur?.
-Quelle est cette distraction dans laquelle vous etes,disait souvent Marguerite.
-Marguerite?.
-Ah, faudrait, surtout pas, contrarier Marguerite.

 
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Publié par le 12 août 2015 dans A pile et face

 

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Les échappées magiques…

8b55dc99ae953613ce76ee6d7603c366La bicyclette venait a la rescousse du mouvement régulier des aiguilles ponctuant son urbanité exubérante.
A la recherche de l’ombre d’un doute,d’une hésitation, d’une faille , elle fuyait, autant de fois qu’il lui etait nécessaire, la métaphore humaine.
Et c’est en ce sens que la peinture flamande pouvait permettre une piste.
Et c’est en ce sens qu’a l’approche des carrés colorés, ce n’est pas son cœur mais tous les muscles de son corps qui sautillaient de joie.
Tricoter le romanesque serait une sorte de degrés second d’une profonde gratitude.
En d’autres temps et lieux ,nous appelions ces echapees magiques
: la vie.

PS:
Photos de Lydia Chebbine.USA,august 2015.

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Publié par le 10 août 2015 dans A pile et face

 

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Comme le »Baghrir » de Proust…

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Le plaisir se construit en escalier. Du miel et du beurre a la base pour enduire les quelques mille trous du « baghrir » encore chaud.
Puis dans le désordre, goûter, rire, de gourmandise se lécher les doigts, fermer les yeux et se laisser porter par la délicatesse des souvenirs.
les réminiscences sentaient bon le parfum a la lavande de la grand mère rompue au travail de la pâte lisse et onctueuses.
C’est vous dire la portée de ces histoires de bouche et de coeur …Il y a toujours un bonheur presque enfantin a reproduire les gestes d’antan et ne pas se laisser rouiller par l’urbanité quotidienne.
L’Algérie en ce sens pourrait s’avérer un dosage précieux et parfois peu probable, d’une table d’été au fond du jardin par un matin a Bethesda ou partout ailleurs.
Bonjour a tous et bon appétit.

 
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Publié par le 6 août 2015 dans A pile et face

 

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