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Archives de Tag: Elle et lui

Un agenda qui prétend…

Une femme se tient devant sa fenêtre. Il y a toujours une vitre dans ces cas la. Elle appuie le front contre la surface froide en activant la touche rewind.
Au seuil du monde, les chemises en lin blanc impeccablement repassées soulignaient avec une pointe d’insistance les peaux étonnement dorées. Les sourires n’étaient pas forcement sincères et les bouches de toutes ces mondaines,minutieusement tracées au rouge écarlate de Dior, se contractaient en dessinant des « Ohhhh » savamment dosés mais surtout divins que l’on suspendait juste au dessus des plats.
Exquis.
Il faut dire que l’ambassade Britannique sait y faire et quand sa majesté recevait pour le iftar c’est toutes les dunes de l’Arabie qui scintillaient jusqu’à tard, très tard dans la nuit .
Il l’a regardait un peu intrigué, beaucoup amusé, infiniment séduit. Leur hôte, un brillant diplomate, les avait placé côte à côté. Autour de la somptueuse table s’entrechoquaient des nationalités confondues, plénipotentiaires des sphères d’intérêts encore plus confondantes, disons le.
Madame la conférencière nous viendrait de New York . Ils avaient même échangé, il y a de cela quelques mois, sur l’urgence de protéger le temple antique de Baalshamin à Palmyre. Ne  pouvant assister a son exposé faute de caler  la séance entre deux vols, il s’est promis de la revoir et le plus vite possible .
Au  moment de servir le deuxième plat ,la voix fluette se détachait  des murs et des ombres langoureuses que dessinaient les flammes des bougies embaumant le bois de santal. Elle tournoyait au dessus de leur tête avant de venir se mêler aux tintement des verres en cristal.
Et cela faisait de jolis tchin,tchin.
Et cela donnait des histoires invraisemblables.
– Ma grand- mère avait coutume de donner des soirées légendaires dans sa villa du grand Alger.
On disait que la demeure aurait appartenu a Saint-Saëns.
On disait aussi que par une fiévreuse nuit du mois d’août quelque part sur les rives de la pointe Pescade, un homme de 38 ans, d’une lucidité intacte ouvrit grand la fenêtre de sa chambre et lâcha sur la ville par poignées entières des centaines de partitions musicales. Elle s’interrompit le temps de lisser un pli sur la nappe avec le souci d’accomplir quelque chose d’éminemment important avant de continuer sur le ton de la confidence en baissant d’un cran sa voix:
-Ma grand mère, elle, n’avait de ouïe que pour la séraphique Fadela et ses noubas.
– Est- elle toujours a Alger?
– Fadela? bien sur que non. Elle décédera en 70, le jour de ma naissance. Ma grand mère y a vu un signe et m’a fait juré de laisser chanter Fadela partout ou j’irai.
Bien entendu qu’il pensait a la grand-mère, lui.
Avant le dessert ,il tremblait déjà a l’idée de ne pouvoir revoir ce petit bout de femme qui ne faisait pas de grands « Oh » mais qui semblait fragilisée par la perte de Fadela.
– J’aimerai vous revoir dans la maison de votre grand mère .
– je n’y habite plus.
Suivra un mouvement précipité de toutes les lumières traversant a l’oblique l’enfilade des vitres donnant sur le jardin de la résidence.

Généralement la douleur était trop sourde. Ramassée, la boule juste au niveau de l’estomac s’amplifiait en boursouflures qui ralentissaient dangereusement sa respiration.
Le savoir loin encore, plusieurs fois dans le mois, dans l’année, durant quelques 25 ans, elle ne s’y résignera jamais et certainement pas durant la nuit.
Le jour,elle fera comme si en peinant a défroisser les chronologies boudeuses .
La perdition, les creux, le vide, les blancs, l’incompréhension, les enfonçures se résorberont, pour un moment, sous la couverture en cuir de chèvre du mémorandum souvent trop chargé .
la modernité entière serait-elle  un agenda qui prétend?
-J’ai menti, ce n’est pas seulement que je voudrai rester a tes cotés mais je le veux tellement.
C’était sa manière a lui d’annoncer les départs.
Washington DC.August 28.2015.
To be continued.

 
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Publié par le 27 août 2015 dans A pile et face

 

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Elle en creve…

Cela se passait aux environs du mois de mai. Il fallait attendre 20:30 et pas une minute de plus. A l’heure ou le ciel tournait au bleu vague méditerranéenne .
Un bleu que nombre de cinéastes,écrivains,poètes et autres hurluberlus auraient tenté de reproduire sans succès .

Je reprends donc:
20:30 a l’heure ou le ciel empruntait au bleu de klein son intensité et aux perles de culture leur lustre et cela donnait un bleu klein/ perle méditerranéenne, elle
ouvrait grand les fenêtres de la chambre, libérait les voilages de leur attaches, faisait tourner le vieux pick-up et invitait la brise pour la soirée.
Ce n’était plus tout a fait une chambre mais un bateau ivre .

Mouais, c’est assez facile,sirupeux et tellement mièvre, particulièrement le pompeux « ivre »,je vous l’accorde.
Je reprends bis:
Cela se passait au mois de mai ,blablabla jusqu’au voilage tiré afin de permettre aux mouettes de prendre place dans la chambre bleutée.

Quoi? Il n’y a jamais eu de mouettes au départ?
Oh,que si et meme des goélands qui volaient au grès des bruits des vagues. Des vagues au grain serré et un point poivré que libérait le 33 tours tournant sur le vieux pick-up. Et puis il y avait le souffle enveloppant,déjà chaud du mois de mai qui entraînait le voilage des fenêtres dans un mouvement chaloupé et projetait sur les murs le plus sensuel des déhanchés nocturne.

Cela en fait du monde dis- donc,pour une chambre de ville?
Si seulement tu ne m’interrompais pas avec tes tics citadins,tes contradictions et ton non sens. Et cette terrible carence en matière de fantaisie, ce manque d’imagination…ça ne te parle pas car il est impossible de te parler de magie ,de mer dans une une ville qui n’en contient pas, d’amour, de passion ,de folie car tout cela est a l’opposé de ta vie droite comme un I. Au final,tu n’es qu’un homme moderne,sage,terne qui ne croit,ne respire et ne prie que wall street .
Oui Monsieur, je suis en colère car ta perdition urbaine me fait gerber,me désespère et nous perds. A part moi,personne dans cette maison, ne pense a mettre des pivoines dans les vases.
– Pardon?
les pivoines sont exagérément « expensive » – en anglais dans le texte- et 20$ le bouquet /semaine cela commence a bien faire ? Mon surplus d’émotivité prend trop de place,devient gênant ,déborde sur le jardin des voisins et fait de notre vie un champs de guerre?
Autant pour moi,Monsieur et tant qu’a faire faisons un movie de tout cela. Promis je te cède d’entrée les droits d’auteur ,le retour sur recette et payerai,meme,mon ticket de cinéma le jour de la projection.

Le pitch:
Une femme soupçonnait la terre de rétrécir,tout les jours, un peu plus.
Cela la mettait dans un état tel qu’elle entreprit de chercher inlassablement,poings et front serrés, chaque soir a 20:30 pile, le bruit des vagues sur… Youtube.

                                

 
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Publié par le 22 mai 2015 dans A pile et face

 

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Enchantement et plus s’il y a affinité…

Roman1
Une mise en scène des plus ordinaire, une ville, un café et les clients de 10h du matin
détendus et a majorité féminine .
Zoom sur la table coté fenêtre ou se mêlent confusément les intériorités qui doutent, deux tasses fumantes, deux verres d’eau glacée, un pains au chocolat, un autre aux raisins, le tout saupoudré du label bio, farine de seigle, sucre roux et autres coquetteries dans l’air du temps .
Pour le moment nous ne voyons que la jolie et pétillante blonde qui souriait beaucoup derrière le regard bleu quelque peu froissé.
De dos, la copine aux bouclettes légères et courtes offrait un cou gracile finement serti d’un collier de perles couleur champagne.
Plan serré sur la blonde qui égrainait d’une voix posée et incroyablement musicale la conception du temps sur les corps, les visages ainsi que les âmes.
Entre café et brioche,elle remet en jeux et cash, ses volumineux 25ans de vie de couple, en un seul et courageux tirage.
– Comment ferais-tu s’il t’arrivait de découvrir l’infidélité de ton
mari ?. Moi, je ne tiendrai pas le coup.
Par quelle magie Les quadras made 2014 sont -ils devenus si incroyablement lucides face a un monde plutôt périlleux et indécis sur l’essentiel a savoir le couple. Ah, le couple, ce jeu binaire a temps multiples ,que nous avons, des siècles durant, ensevelie sous des silences pervers et tellement confortables pour les uns.
le collier en perles de culture adopte la mesure et répondit non sans malice:
-Que peut-on s’accorder comme liberté en réponse a l’usure du temps?.
– Tu veux dire que tu conçois la chose aisément pour ton mari?.
-Concevoir?. Comme tu y vas ma cop. Disons que je n’écarte pas l’éventualité qu’il puisse prendre un pot avec une autre .
– Comment prendre un pot ,tu veux dire sortir, flirter?.
– Etre,plutôt,enchanté pour un court moment par une rencontre fortuite, un petit flirt, si tu veux ,question de chahuter les certitudes.
Commence alors un long et curieux ping-pong sur l’ovni masculin, son verbiage, le délire des testostérones mais surtout l’histoire de ces nombreux hommes qui se laissent piéger par un rôle que la mythologie leur a tendu et ce des le commencement.
Plan séquence sur les tasses a demi vides, le temps que la camera saisisse le collier en perles de face cette fois .
Les mots tombaient sans ambages et avec une exactitude chirurgicale afin d’épouser et mieux accentuer les territoires violents, extrêmement sombres de la chose humaine. Elle s’étonnait elle même de son ton, elle s’écoutait parler d’exigence folle et tres improbable que celle de vouloir exister et en exclusivité dans le regard de l’autre. Elle ponctuait ses phrase d’un ostentatoire, faudrait penser a rendre un peu de temps a l’autre .
Rendre a qui et quoi ?. Elle n’en savait pas plus. L’urgence consistait a écarter le bouleversement de tout remettre en cause, de tout perdre a 50 ans , sa jeunesse, sa vie d’épouse, l’album de famille, les gâteaux d’anniversaire, les réveilles douillets des weekends d’hiver, les bouderies dans les aéroports durant les grandes vacances, les factures, les sonneries du tel a des heures improbables pour dire les mots magiques, la main que l’on étreint a la cérémonie de l’agrégation du dernier, le regard tendre et reconnaissant qui conclue les retrouvailles des fêtes de fin d’année.
Perdre tout.
Absolument tout sous prétexte d’être enchanté par un parfait étranger.henna

 

 
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Publié par le 19 septembre 2014 dans A pile et face, Litterrature

 

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Une aversion en bleu…

bleu

Raconter une vie c’est surtout un acte sémantique….Si on accepte  toutefois aux mots l’acte de faire la vie…
la scène s’ouvre sur une grande chambre aux rideaux tirés. Il se tenait au milieu ,le torse bombé de ces assurances creuses ..cela fait un moment qu’il parle mais parle.
Il tenait une sorte de monologue stérile.Le bleu disait -il sur un ton surfait,le bleu c’est une ombre. 
l’énergie du langage  a ceci de magique qui fait  qu’une réplique peut illuminer une pièce.
 Elle appuie un peu plus son visage contre ses genous pliés et cherche dans sa mémoire le vaste ciel qui se met au diapason de sa réflexion..mais oui cet homme n’a jamais existé, puisqu’il s’agit d’un tas de molécules et de particules..
la, tout juste sur la bordure de sa vie ,elle déroule ces années immatérielles sans épaisseurs particulières  et sans profondeur aucune.
Comment a t-elle  pu s’ enfoncer dans cette sorte de tonalité très peu nuancée et surtout   imprécise.. Un homme tout juste, irrespirable.
Un homme qui n’a eu de cesse de mentir depuis plus d’une dizaine d’années en s’octroyant  le rôle du maître dans cette partie de jeux d’échec qui les a réunit a l’aube d’un hiver ,il y a de cela un siècle.
Sa plainte a peine audible s’est pourtant toujours conjuguée a son errance solitaire aux cotes de cet  « homme ombre » qui dit tout savoir de la vie ,des êtres et des choses et qui plus est a passé son temps a parler de sa vie,de son être  et de ses choses…

A proprement parler il n’ y avait  pas de murs derrière lesquels se cacher, mais des cloisons légères derrière lesquelles disparaître tous les jours un peu, pour ne plus l’entendre.
Marcher, encore, marcher longtemps pour ne plus l’entendre.
Mais prenons les choses par le début: à savoir  le coeur qui bat  tellement  fort  a chaque rendez-vous,   On fait de longues promenades, on cajole les premières esperances et on parle de la vie .
Il ne détachait plus son regard de ses  beaux yeux  et son admiration se terminait souvent  les bras derrière la tête…Rien que de très classique me direz-vous.
Oui, mais ses dix années a elle ne ressemblaient en rien a  ses dix ans a lui .Chacun aurait  vécut les siennes différemment et pourtant ils  se tenaient  tout proche: l’un  a cote de l’autre .
Si la question d’hier consistait à se demander « comment ferait-on l’un sans l’autre?  la question d’aujourd’hui serait certainement  » Comment  faire pour être l’un loin ,très loin , de  l’autre?
Elle desserre ses genoux et libère son âme  déchirée, malaxée, malmenée et se jura qu’a partir de ce jour elle ne  broiera que du pastel .

 

   

 
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Publié par le 28 février 2013 dans A pile et face

 

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