Le paradoxe des villes, en général, c’est qu’on s’y sent plus seul que dans partout ailleurs … c’est comme qui dirait ,la voix perd son échos et le monde ne répond plus.
les visages défilent , rares sont les regards qui s’attardent sur vous et vous perdez ainsi prise sur votre propre ombre a longueur d’heures citadines .
la loi du milieu urbain fait tache d’huile …votre âme ne se réverbère ni dans les grandes artères, tellement, elles sont longues ,ni dans les boutiques a la mode si clinquantes et encore moins sur les terrasses dynamiques et hypes..
Vous serrez la mâchoire sur votre solitude , sur le délabrement dégoulinant de vos soirées de « rat des villes » et seules les fêlures des trottoirs peuvent raconter vos titubements et l’incandescence de vos chapelles intérieures.
Bravo ,vous venez de toucher le fond de l’angoisse atmosphérique.
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Chapelles intérieures…
Je t’emmene a Vegas…
Elle était plutôt jolie et très chic …une sorte de présence anachronique au milieu de cette station d’essence dans une de ces villes Américaines carrée, limitée et délimitée .
Il se tenait tout prés…Ah,comme le hasard provoque les choses .Ils ont la même voiture avec la même couleur et tout et tout mais de la a y voir un signe,il en aurait fallut un peu plus.
– » Allô oui allô, je te dis que je viens de trouver la femme de ma vie…elle est la juste la …oh,si tu la voyais …hein, quoi ?je devrai le lui dire,la tout de suite?. »
L’homme dont elle ne percevait que la silhouette, vu qu’elle lui tournait le dos continue de plus belle . « Voyez-vous j’expliquais a mon ami que je vous trouve très belle et il suffirait d’un mot de votre part pour que ma vie puisse enfin commencer. Allez ,s’il vous plaît donnez nous cette chance..Dites oui et je vous emmène tout de suite a Vegas. »
Elle n’oubliera pas d’esquisser un sourire poli avant de disparaître dans sa voiture et s’éloigner ainsi au plus vite de cet univers masculin ou une fois sur deux ,la parole urgente éclate en bulles disparates imprécises et sans épaisseurs aucunes .
Sa voix pensait a sa place : c’était mieux avant ,le goût pour la poésie et le panache
réinventait les lieux avec les notes en toiles de fond… c’était mieux avant quand elle n’avait pas besoin de dire: je me souviens…
« Avant » ,un mot assez curieux que nous pouvons facilement confondre avec un sac de femme qui mêle les choses précieuses aux choses futiles et pour une seconde elle fut tentée d’aller voir dans tous les coins ce qui se passe..de vider les fonds de poche afin de pouvoir glisser dans une certaine communauté ou l’incertitude débouche toujours sur quelque chose.
Une pluie fine commence a tomber ,elle n’aime pas la pluie …la pluie est l’éloge de l’éphémère car sitôt arrivée au sol ,elle cesse d’être pluie et on parlera de flaques,de ruisseaux et d’une multitude de variations liquéfiées ..Sa pensée s’amplifiait ,se précisait pour aller puiser dans ces grains qui faisaient lever en elle un infini de visages,de gestes et de voix et au milieu de tout cela ,elle le vit. Elle tente de s’accrocher a ce visage ,veritable narration d’une histoire d’amour qu’elle a vécu et qu’elle considère que c’est tout l’amour qu’elle n’a jamais vécu. .
Elle se surprend au coin du rétroviseur et se força de répéter a haute voix qu’elle ne devrait pas se fâcher avec la vie qui est avant tout un état d’esprit… La vie en ce sens est comme la beauté ,la vraie,celle qui est bouleversante et qui fait souvent pleurer.
Sur le mode « négligés en dentelle ».
Le sieur Marc Jacobs chez Louis Vuitton que l’on décline en pyjamas écarlate a décidé de vous déshabiller l’hiver prochain ..
ces dames commencent la journée en enfilant un manteau trois-quarts en astrakan fluide sur de torrides négligés en dentelle .
Le dedans et le dehors se confondent sous le coup des ciseaux savant qui coupent a vif dans l’étoffe en prose.
Marc Jacobs explique sans sourciller que le vrai luxe aujourd’hui, c’est de s’apprêter pour rester chez soi plutôt que sortir pour se montrer.
Dans une tentative de faire parler les corps , Le Sieur Marc ouvre les territoires et le prêt a porter fait place au prêt a bouger..
Une idée de la femme émerge alors a fleur d’un certain temps et par effet de retrait ,l’espace deviendra exclusivement masculin par le masculin et pour le masculin .
la silhouette féminine finira par se confondre dans un nuage ample ,imprécis et le corps singulièrement inactuel manquera au final terriblement d’esprit.
Paris,vous avez dit Paris. Cheers.
Collection Louis Vuitton Hiver 2013/
A la Shéhérazade renversée…
Elle lui racontait pendant des nuits entières ce qu’il fallait de silence pour que la parole respire, se tisse de sens, laisse place à l’autre.
Les mots tournoyaient et se poursuivaient en dévalant les rues par les journées de printemps. Le monde, avec ses mots paraissait évident presque a portée de la main .
Il y a 20 ans qu’elle lui parle mais il y a 20 ans qu’il s’obstine a faire la sourde oreille…c’est un choix exigeant que celui qu’il fait de se fondre dans une composition d’incompréhension foisonnante et désordonnée …
Il entretient de manière carrément irrationnel une communication de l’ordre zéro.
Tout est dit dans cette simple forme d’imprécision lexicale , dans le délice du déni et dans ses mains qui se replient a ceci prés que ça ne peut être qu’ une jubilation de l’intelligence.
Une aversion en bleu…
Raconter une vie c’est surtout un acte sémantique….Si on accepte toutefois aux mots l’acte de faire la vie…
la scène s’ouvre sur une grande chambre aux rideaux tirés. Il se tenait au milieu ,le torse bombé de ces assurances creuses ..cela fait un moment qu’il parle mais parle.
Il tenait une sorte de monologue stérile.Le bleu disait -il sur un ton surfait,le bleu c’est une ombre.
l’énergie du langage a ceci de magique qui fait qu’une réplique peut illuminer une pièce.
Elle appuie un peu plus son visage contre ses genous pliés et cherche dans sa mémoire le vaste ciel qui se met au diapason de sa réflexion..mais oui cet homme n’a jamais existé, puisqu’il s’agit d’un tas de molécules et de particules..
la, tout juste sur la bordure de sa vie ,elle déroule ces années immatérielles sans épaisseurs particulières et sans profondeur aucune.
Comment a t-elle pu s’ enfoncer dans cette sorte de tonalité très peu nuancée et surtout imprécise.. Un homme tout juste, irrespirable.
Un homme qui n’a eu de cesse de mentir depuis plus d’une dizaine d’années en s’octroyant le rôle du maître dans cette partie de jeux d’échec qui les a réunit a l’aube d’un hiver ,il y a de cela un siècle.
Sa plainte a peine audible s’est pourtant toujours conjuguée a son errance solitaire aux cotes de cet « homme ombre » qui dit tout savoir de la vie ,des êtres et des choses et qui plus est a passé son temps a parler de sa vie,de son être et de ses choses…
A proprement parler il n’ y avait pas de murs derrière lesquels se cacher, mais des cloisons légères derrière lesquelles disparaître tous les jours un peu, pour ne plus l’entendre.
Marcher, encore, marcher longtemps pour ne plus l’entendre.
Mais prenons les choses par le début: à savoir le coeur qui bat tellement fort a chaque rendez-vous, On fait de longues promenades, on cajole les premières esperances et on parle de la vie .
Il ne détachait plus son regard de ses beaux yeux et son admiration se terminait souvent les bras derrière la tête…Rien que de très classique me direz-vous.
Oui, mais ses dix années a elle ne ressemblaient en rien a ses dix ans a lui .Chacun aurait vécut les siennes différemment et pourtant ils se tenaient tout proche: l’un a cote de l’autre .
Si la question d’hier consistait à se demander « comment ferait-on l’un sans l’autre? la question d’aujourd’hui serait certainement » Comment faire pour être l’un loin ,très loin , de l’autre?
Elle desserre ses genoux et libère son âme déchirée, malaxée, malmenée et se jura qu’a partir de ce jour elle ne broiera que du pastel .
La communion…
A qui de droit,
Presque 20h…j’ai vu défiler la journée par la fenêtre…journée cocooning donc…de la poésie avec Baudelaire question de ne plus se faire mal, les fleurs du mal , tu vois le clin d’œil?.
J’ai préparé un cake au citron, regarder la télé…Quelques heures pépères qui ressemblent a celles de millions de quidams et cela fait du bien la communion. La, il commence a pleuvoir mais de la vraie pluie, celle avec un front serré qui insiste et qui fonce droit sur l’asphalte et toussa,toussa.
Souvent pour s’amuser les enfants sautillent avec leurs bottes en caoutchouc colorés. Ils sautillent pile dans les flaques et les rires jouent sur leur visage comme un vent frais dans un ciel clair.
J’aurais aimé te retrouver question de vérifier que j’ai une voix faute de ne pas avoir parlé en cette journée de fin janvier .
Étonnante journee qui n’a eu de cesse de verser dans un bac a fleurs,fort heureusement mon ironie me tenait en éveil .
je ne sais pas ce que je ferai de ma soirée.
Pour le moment je regarde la pluie tomber et puis non je préfère écouter le rire des petits enfants.. j’irai ensuite probablement dormir de ces sommeils pleins de miracles…
Tu me manques.
Indulgence…
Bonsoir a toutes,bonsoir a tous.
La fin de l’année est une promesse…La fin de l’année est une promesse car elle est toujours tournée vers une aube nouvelle .
Et pourtant cela parait difficile a croire qu’une fin puisse susciter autant de promesses…entre confiance et incertitude nous avançons résolument vers un 1e janvier .
Encore un autre paysage mental que l’on voudrait sans faute …Nous avons une très lente habitude qui consiste à offrir une carte blanche à nos aspirations,a nos proches ,a la vie tout court …
Rien n’est dit encore mais il se peut que tout s’éclaire après ce premier janvier.
Les images s’offrent à la vue ,un peu floues,fragiles,voire imprécises… Cette vision initiatique laisse entrevoir des porosités, des possibles vertigineux, où il n’est pas de limites trop marquées , voire pas de limites du tout .
Une opération improbable certes , celle de mettre le souvenir au service du présent afin de se projeter dans le future… l’immatériel,l’avenir finiront par avoir raison de ce déroulement qui nous inquiète tant et que l’on a coutume d’appeler le MEKTOUB.
la seule vérité nue…
par Kamel Daoud.
«Le corps n’est pas une saleté. Ce n’est pas le crime de mes parents. Ce n’est pas un fardeau. C’est ma joie, mon cosmos, mon sentier et le seul lien que j’ai avec le Dieu ou la pierre et la courbure du monde. Il est mon sens et le sens de ce qui me regarde et m’obstrue ou m’éclaire. Je ne le porte pas derrière mon dos mais devant moi comme un déchiffreur de mon souffle et de ma part du monde, sa poussière, odeurs et grains et poids. Mon corps est mon délice et ma vérité. On m’arrache la vie quand on m’arrache le corps et la vie m’est redonnée quand je rencontre l’autre en son corps, et c’est là que je donne la vie. Et c’est une longue histoire que je ne veux plus subir : l’histoire des religions de mon monde qui me disent et me répètent que mon corps est mon aveuglement et ma perte. Ma vérité est nue et visible quand mon corps n’est pas une obscurité ni une honte. Le corps est la seule divinité et éternité que je peux toucher de la main et lui donner un nom ou y arracher et y partager le mien. C’est dans le corps que je rencontre le ciel ou le perds, pas dans la prière. Je le rêve nu, fier, vigoureux, acclamé dans la performance, salué comme un bonheur et une conquête. Je le veux libre : je ne veux pas qu’il s’excuse, se cache, se plie, souffre ou s’isole ou s’enfonce ou espère autre chose que lui-même. Le corps n’est pas une nationalité mais ma seule humanité.Le corps n’est pas le lieu de vos guerres mais l’espace de mes rencontres. C’est une étreinte. Je ne suis pas l’enfant d’un fruit volé, mais le fruit lui-même. Donné et accepté. Je veux vivre libre de mon corps. Ne plus le cacher ni l’imposer, l’accepter pas accepter de m’en défaire et de le trahir. Ma nudité est ma sincérité. Ma sexualité est mon partage, pas ma honte. Et je refuse la menace de l’enfer et la promesse du paradis promis seulement après m’être débarrassée de mon corps et l’avoir trahi. Je ne le veux pas. Je suis ce que je ressens. Le sable sous la plante du pied, et vers le ciel je lève mes yeux et pas mes paumes. Je suis la moitié du monde pas son butin, sa colère, ou son angle mort ou sa basse œuvre ou sa saleté. Je veux me sentir proche du soleil, pas de la vérité. Me sentir époux et épouse de la plénitude. Pourquoi tant de haine contre mon corps ? Parce que c’est ma seule richesse face aux Dieux qui en sont pauvres et désincarnés. Je suis un corps et ils ne sont que des empires. Je suis le lieu et ils sont l’histoire. C’est ce que m’envient les anges et les diables et les règnes invisibles. Alors que je l’affirme par la peau : je suis contre toutes les religions qui veulent me voler ma naissance pour naître sur mon dos. Je ne me (le) cacherais plus. Seule la mort peut me tuer. Le reste, non, juste m’assombrir. Le corps est un cri, pas un crime, pas une croyance; un écrin, pas une croix, une crasse. C’est ma joie, ma foi. Ma résistance. Je refuse le reste. Refuse ce qu’on m’a dit sur le ciel, le livre, la honte, le sexe et l’éternité. Tout doit s’arrêter. Je dis non à tout ce qu’on m’a dit sur mon corps depuis toujours.Et j’en rêve : c’est quand le corps n’est pas une honte que la vie est une conquête, le pays une chair et la terre une maternité que l’on sent dans la paume et le poumon et le manque en soi. C’est ainsi. J’aime les anciennes religions du corps et du soleil. Celles qu’on a tuées par la culpabilité et l’abstinence et le gémissement morbide. Le paradis est dans mes sens pas dans la mort. Et même pour meubler l’enfer, on a besoin de mon corps, pas de mon âme ! Je ne suis pas à cacher mais à révéler. Je ne suis pas à insulter mais à admirer. Le premier écrit. Le «pluriscrit» énigmatique et ravissant. Le vrai nord de tous les corps. Le seul sens de tous les sens. Le dessin de Dieu. Le pont entre le monde et le souffle. Et c’est pourquoi ils sont contre moi : les haineux, les salafistes, les religieux, les honteux, les accablés, les tristes, les vaincus et les colériques et ceux qui sont contre eux-mêmes et qui sont des millions. Je suis unique. A chaque fois. Mon miracle. Quand la femme est enfermée, les hommes ne sont jamais libres et le corps est une maladie. Libérez-moi, vous en serez encore plus libres ».












