3e semaine de janvier 2014, 08:40 du matin a Washington, 14:40 a Alger et 17:41 a Abu Dhabi …C’est des matins fleuris qui répondent a une nécessité vitale…Chaque matin permet quelque chose …chaque matin permet un chemin ,chaque matin permet une lumière. Avancer ainsi d’un matin a un autre …enjamber les aiguilles de la montre en glissant d’un faisceau horaire a dans un un autre… c’est comme pénétrer le majestueux temple du hors temps, extrême privilège des ames voyageuses… Je suis ici et la et les mots que j’écris sont destinés aux uns et aux autres mais me sont destinés en premier car ces lettres courbes,allongées,remontantes,débordantes,coulantes, dépassant la réflexion parfois ,devançant les espérances par d’autres,rebelles par ci et extrêmement obéissantes par la quand il s’agit de passer par l’intérieur, quand il s’agit de répondre aux désirs des autres… Comme un jeu périlleux et jubilatoire,quelque chose que l’on détricote pour mieux la redresser ,quelque chose que l’on a envie d’ouvrir et de découvrir comme une révélation, comme une délivrance… Il y a un endroit dans cette ville ou le soleil se lève avec les palpitations qui parlent de la gratitude d’être ensemble .
Photo de Lydia Chebbine.
Le temps est un jardin.Washington 2014.
Vivaldi – Complete Cello Concertos
De pierre et d’eau s’étendait devant moi la ville en prose . Comment transcrire ce plaisir infini? Faut-il emprunter le figuratif ou arpenter les chemins du suggestif ? D’entrée et s’il fallait s’inscrire dans un langage se serait inévitablement celui de l’amour… Une sorte de permanence de vision ,une lois du vivant en priorité. La fulgurance des images finit par l’emporter et nous commençons par le début. Nous commençons par l’essence , par l’odeur citadine suave ourlée de notes sensuelles qui érotisent les vielles battisses,les rues pavées ,les ombres et les taches de lumières…La vie se colore et l’image s’installe,la tout juste en bordure du monde. L’occasion majuscule prend alors l’apparence d’une femme qui se promène dans la Ville.
Se retrouver dans un musée un lendemain de fête de Thanksgiving ne relève pas je l’avoue de l’ordre de l’originalité…Oui mais si je vous dit qu’il s’agit de la celebrissime Corcoran Gallery of art de DC et de l’exposition d’Ivan Sigal. De 1998 à 2005, Ivan Sigal a donc vécu et travaillé en Asie centrale, traversant la Russie, le Kazakhstan, l’Ouzbékistan, le Tadjikistan, le Kirghizistan et l’Afghanistan ainsi que d’autres pays de l’ex-Union soviétique et en Asie. Le photographe et durant ces années n’a cessé de travailler sur et avec une société profondément marquée par le démantèlement de la superstructure idéologique de l’Union soviétique . La pellicule « narrateur » en immersion totale dans une guerre trace une sorte de « road trip » qui va au delà du cliquetis des flash pour nous révéler les conditions de l’humanité.Pour nous expliquer L’homme a l’homme. Les scènes de rue, Les bâtiments, Les visages se confondent dans notre tête en quelque chose de pas très facile a appréhender …Une sorte de pérégrination de l’émotion, doublée d’un profond malaise et triplée de fascination . Ce visuel d’appel et de réponse ,cette manière propre au photographe de disséquer le moment et de créer l’écho pictural avec cette photo du cimetière plus grand encore que la ville et de cette salle de projection plutôt « cimetière » de bobines de films qui s’entassent a même le sol sont la traduction immédiate de l’ordre social …du sens de la vie des gens. A ceux qui habitent Washington DC et ses environs ,je conseille vivement cette exposition, véritable parallèle entre notre expérience et celle des personnes sur les photos .
La photo est une approche plus poétique que journalistique et qui devient finalement, plus révélatrice sur les énigmes de la vie quotidienne.
C’est l’histoire d’un voyage ds le temps et ds l’espace , une question de vouloir et même excessivement vouloir sauter d’une île a une autre dans l’espace méditerranéens .
Flash back: la nouvelle est insolite et tellement » fun » pour nous autres Algériennes : Pour son édition 2013, le Petit Robert fait de la place à plusieurs définitions nouvelle génération dont « le makrout » ou « makroud ».Makrout donc selon le petit Robert est : » Pâtisserie du Maghreb adulée en Algérie, Tunisie notamment, se compose de semoule de blé dur, et d’un coeur de pâte de dattes, parfois de figues ou d’amandes, recouverte d’un sirop de sucre et de citrons. « Le voyage est tout annoncé et notre histoire de bouche se voulait aussi surtout une histoire d’intimité et de soleil . « L’atelier cuisine des Algeriennes a Washington DC » a donc vu le jour en déclinant l’authentique recette du « Makroud el koucha » ou Makrout « ainek Mizanek » pour les connaisseuses.lol.
Séquences instantanées: le beurre ,l’eau de fleur d’oranger,les dattes en pâte et le fameux et indispensable « Taba3 », ce sont la les notes de notre symphonie Algérienne .. C’est en croisant les fous rires , les anecdotes puisées dans le vécu de ces femmes pétillantes que l’on réinvente El Djazair a coup de losanges aux dattes trempés dans du miel chaud parfumé au « mazzhar » et c’est beau et c’est tellement bon. Cheers.
« Il y a d’abord ces milliers de valises discrètes puis je finis par trouver un petit recoin dans cet immence aéroport .. le début prend la forme de l’amorce difficile des longs périples nostalgiques qu’entament certains voyageurs …je préfère me concentrer sur l’émotion, tellement bavarde de ces autres hommes du voyage, qui racontent l’extrême impatience de retrouver l’autre car la destination finale de tous les voyages c’est « l’autre ». 3h du matin et l’aéroport de Dubai croule sous le clinquant habituel…7h30 ,cet autre aéroport de Doha a du mal a contenir les flots de voyageurs tellement ils y sont a l’étroit ,Washington est a portée de main , a quelques 13h de vol..lol Ainsi va la vie des aéroports au milieu des annonces souvent inaudibles des hotesses ,le brouhaha du Duty free et les cafés au gout kilométrique.. Mon voisin dans l’avion est un homme au grand coeur ,il rentre a l’instant de Katmandou ou il a aidé a construire des maisons pour les orphelins…sa voix trahie une émotion toute fraîche…nous rions discrètement de cet autre voyageur en tenue de sport une bouteille d’Evian a la main qui expliquait a tout le monde la nécessité d’amenager une salle de gym a bord des vols long courrier… idée a creuser en tout cas… Je regarde un premier film, puis un 2e pour finir par me réfugier dans le livre de Anouar ben Malek « O Maria » et c’est a ce moment précis que commence le vrai voyage…je reviendrai sur ce livre plus en détails. épuisés nous arrivons enfin a destination , contrôle de douane tres fluide et le « welcome home » des officiers souriants nous déride un chouia….Re-valises et taxi a la sortie et… Le comité d’acceuil s’appelle une lumière magnifique et un ciel limpide …Washington joue la carte de la séduction et ça lui va tellement bien …je respire a plein poumons les molécules de chlorophylles et retrouve ma maison avec beaucoup de sérénité. Arroser les plantes , ouvrir les fenêtres ,prendre une douche, répondre au tel et récupérer le courrier en retard avant de s’écrouler avec délice ds son lit… Réveil brumeux a 4heure du matin -décalage horaire oblige-et la rédaction de ces lignes avant de retrouver encore une fois le sommeil.. Mais qu’est ce que ça serait bien de retrouver la vue sur mer de la maison d’Abou Dhabi au bout du Jardin de ma maison de Bethesda!… lol .
Washington DC , été 2012 Le grand boulevard de Georgetown , le coeur de la cité , étalait sous le soleil son trop plein de boutiques a la mode de terrasses de cafés et de restaurants… les trottoirs grouillaient de monde qui se frôlait ,se regardait et se saluait.
l’été est la ,bien la avec cette atmosphère vaporeuse,propice aux ballades et a la débauche du regard…
Je fais don au soleil de mes réflexes de citadine avertie et me laisse prendre au jeux des rues qui s’ouvraient sur d’autres ruelles donnant sur des petites allées conduisant à des petits accès…
la vielle ville se montrait du coup plus bavarde et me livrait ses petits jardins…véritables petites parcelles du désir a l’image de ce carré de tournesols dorés qui caressaient du regard la rivière du Potomac …. Plus loin, deux chaises ,une table et un vélo complétaient ce tableau bucolique ,inattendu et surtout inédit.
Le passage initiatique promettait ainsi plus d’une surprise et il aurait été dommage de s’arrêter a la première gare.
je choisis donc la magie et son pari difficile et pousse la quête sur cette ligne du coeur jusqu’à la porte de la coquette enseigne »Spices and Teas » et c’est comme si je penetrais le monde des mythes..
Le temps s’arrête et je me retrouve en conversation avec mes sens…les effluves de lavande ,le jasmin,le thé blanc a la rose, les herbes de provence ,la citronnelle , la muscade,La Menthe ,l’anis ,le cumin ,la cardamome … Autant de parfums qui vous enivrent et vous plongent dans une sorte d’ atmosphère lyrique…Non, nous sommes décidément dans l’ordre du désir.
je plonge mon nez dans les bocaux et respire un monde suave et caréssant …
le monde entier s’est donné rendez-vous dans ce palais enchanté et je caresse du doigt la poudre veloutée de » rass al hanout » et cette autre flamboyante du » felfel aakri ».
les distances s’effacent et je suis sur le seuil de toutes les casbahs d’Algérie et recouvre ainsi d’une épice a l’autre mon identité culinaire et cela me fait vivre et cela me fait vibrer.
« La mode se démode, le style jamais. » disait la célébrissime Coco Chanel..
Un style c'est donc une respiration , un certain regard, sur la vie .
Un style c'est un savant mélange de pulsions, de poésie et de panache...
Réinventer les lieux et dérouler une sorte de mélodie sans toutefois bouder le fun et oser un chouïa d'excentricité ...