Documentaire de Saléha Gherdane (France, 2022, 52mn)
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Femmes croisées,
C’est un excercice franchement périlleux que celui de vouloir ponctuer une toile d’aphorismes entendus et maintes fois usités, fatalement inutile.
Et qu’importe le renvoi technique ou le bavardage sur la grammaire des modulations. Encore moins la digression sur le trompe l’oeil ou l’aisance de la portraiture en étage voire le brossage de la perspective magistralement exécuté, blablablabla.
Privilégier plutôt le choc visuel, le paroxysme de la cavale mentale, les jambes qui vacillent, l’étourdissement, la déroute, l’hémorragie et le supplice du pourquoi une telle interprétation?
J’obtempére, respire profondement avant de remonter l’ovale des visages et m’engouffre dans l’intemporel.
L’univers pictural d’Ibrahim Achir est un cosmos en mouvement continu, les levres y sont frémissement et le regard clairvoyance.
Point de jour encore moins de nuit mais une lumiere somatique née par et pour le surprenant barbouillage.
Les personnages sont un brin inquiétants tout autant que l’écrin qui les souligne. Mimodrame ou femmes croisés, elles semblent suspendues entre le vivant et l’objet.
Chaque toile signé Achir est immanquablement une ode poétique et ça m’émeut et me transporte.
Toiles de l’Artiste peintre Brahim Achir.
Achir restitue la raison d’être,
Nous aimons à dire que l’émotion c’est respirer avec le cœur mais Brahim Achir poussera l’exigence ainsi que nos palpitations jusqu’aux derniers retranchements esthétiques . Il réveillera prodigieusement nos obsessions pour réintroduire de la perplexité, seule raison et véritable gage de la destinée. Une toile, donc, pour dire un mode de relation avec, par et pour le beau.
La vie ainsi déclinée et selon la grammaire Achir est fanatiquement un visage de femme.
Mi stupisco a vederti mirarmi (part.) olio su tela (Achir)
Je m’étonne de te voir mirarmi (part. ) huile sur toile (Achir)
L’homme qui dessinait son âme…
In Pialle.toscana
Aquarelle de Nasreddine ABassi,Italia 2017.
Ébauche,
D’entrée nous pensons à l’été sauf qu’ a y regarder de près c’est les quatre saisons réunies que l’artiste peintre croque sous des aplats savamment travaillés. Une amorce de chemin donc pour mieux mesurer son souffle, pour ménager un tant soit peu les intériorités.
La sobriété de la façade,elle, souligne astucieusement le sentiment de solidité et met en scène une longue temporalité. Accrochées a cette même façade trois fenêtres,closes, mi-fermées, carrément ouvertes -une sorte de tiercé graphique décliné selon un jeu de piste- elles iront rejoindre trois autres arbres de différentes tailles en arrière plan, presque en retrait, véritable témoins.
Le façonnage de l’etat de progression n’est pas seulement perceptible dans le découpage scénique mais les couleurs sombres de ce qui pourrait etre un mur d’une autre maison en face, déroule une espèce de jeu d’ombre qui ouvrirait sur les réminiscences .
Ce n’est pas seulement une maison mais un Homme debout depuis un moment déjà, Il dit mais en parcimonie sur l’ordre incertain.
Une toile assurément attachante.
L.K. USA.
Réponse de l’Artiste peintre :
« J’ai réalisé cette aquarelle de mémoire.Elle a pour sujet une vieille maison perdue au milieu de la Toscane où j’ai habité durant deux années.(1980-82). Aux dernières nouvelles cette demeure a été réhabilité en lieu de villégiature avec piscine,mini golf etc pour vacanciers fortunés.Je n’y suis plus retourné pour ne pas altérer les bons souvenirs qui y sont associés et garder intacts l’atmosphère et l’image que j’ai essayé de traduire en peinture.Je te souhaite une bonne journée ».
N.A.
Bribes d’une correspondance éphémère:
Bonsoir,
je ne suis pas une spécialiste mais j’aime les lectures néophytes voire profanes, une manière de décloisonner les arts.
Merci a vous de partager ce joli récit, celui d’un homme qui dessinait sa maison comme on dessinerait son âme.
L.K
USA .2017.
Less is more…
« labirinto » olio su tela cm.100×70 Toile de l’Artiste peintre Brahim Achir.
Il nommera sa toile le « Labirento » et cela tombe bien car j’y vois une certaine obsession de l’assemblage, une géométrie parfaitement parcellisée qui ressortirait le versatile, le multiple, le tourmenté presque animal de l’esprit.
Il laisserait croire qu’il décline le visuel/mémoriel en tiroirs a en juger le procédé pictural par couches successives de peur que l’image lui échappe, peut être.
Il s’imposera par ailleurs un véritable défi qui sera la gageure de consigner les détails. Pour ce faire il étoffera les failles en parsemant l’optique de franches taches de lumière étalées en arrière plan a la manière d’une voix off qui suggère, guide mais n’oblige en rien. Il reviendra a plusieurs reprises sur le relief et épaissira le feuilletage oculaire en fignolant l’effet
échos éraillé. En découlera de cette virtuosité esthétique de la verticalité tranchante, du rugueux par pans entiers a chahuter le regard, a insuffler de la gêne pour finir par installer franchement une extrême tension. La didactique Achir consiste donc a nous hisser vers une graphie plus apaisée, des traits nets, arrondis, au final plus humains. Avec le « Labirinto » nous sommes contre toute attente dans l’ordre de la réécriture de la plénitudes, du sensuel et le monde n’est autre qu’un pays lisse comme le sein d’une femme.
Bravo Maestro.
Que mes lèvres ne sont-elles des cerises!
Premier et unique chapitre.
Nous commençons par un bijou pictural,un veritable travail d’orfèvre, c’est le détail qui raconte le mieux l’oeuvre avec une capacité d’abandon qui nous séduit et nous laisse perplexes.
Ce n’est pas un bestiaire, ni une histoire sur le rapport a la nature ,ce n’est pas une toile non plus mais une scène hallucinante ,une sorte de récit du mythe fondateur construit sur un plan unique qui puise sa force dans le « non dit » et le » non vu » .
C’est surtout un tableau sous forme de « Storyboard » savamment soigné et résolument moderne.
le cadrage ,le mouvement et les personnages sont en parfait raccord……On y discerne un coté clinique presque maniériste et ce n’est pas qu’un effet d’annonce…le cinéma rallie la peinture a ce moment précis et c’est carrément bluffant .
l’Artiste peintre décline ainsi avec brio l’art de la métonymie dans la peinture ,l’art de la mise en scène du signifiant en somme .
La femme en chair d’une sensualité désarmante dégage cependant une inquiétude pesante …cela se joue a coup de champs/contre champs.
la pureté du trait souligne un érotisme glacé ourlé par un ton bleu décliné sous toutes ses nuances comme des couches de respirations que l’on retient devant le geste premier.
l’oeuvre naît d’une légende et tenterait de résoudre le mythe par le ludique …voir la vie dans le bon sens…Une proposition de façon d’être en fait campé par un paon ,très masculin et très imbu de sa force plastique.
La femme,elle, le tient » finement « par une cerise rouge…un veritable recueil de l’art de la séduction et des jeux interdits.
L’artiste peintre transforme ,re-malaxe ,re-organise et re-colorie l’intériorité universelle sans verser dans l’anachronisme de la genèse et réussit la performance de de nous recréer sous le ciel et avec les couleurs de L’Algerie .
De la dentelle ,nous sommes en presence d’une très belle dentelle ,c’est forcement une nouvelle naissance et l’imagination nous appartient.
La cerise du Paon.Tableau de L’Artiste Peintre Hocine Ziani.
Portrait neutre sur tabouret …
Je m’approche,je te regarde, j’essaye de comprendre pour ensuite en parler aux autres ,telle semble la démarche qu’a entrepris la photographe Americaine Taryn Simon pour nous parler de nous et de ces autres qui vivent l’incroyable la tout prés et pratiquement sous nos balcons .
Avec les photos de Simon nous sommes confronté a nos peines a notre malheur au drame humain de ces histoires carrément physiques .
Des dizaines de clichés défilent ainsi devant nos yeux et il s’agit d’un décors épuré a l’extrême . Un tabouret et des êtres comme vous et moi tout simplement assis et fixant l’objectif. Les murs sont ultra-blanc et l’éclairage ultra-lumineux, sont ponctués par des espaces toujours blancs qui représentent les disparus , les morts et ceux qui ont refusé de se faire photographier.
Pour tout cela, Simon est sans aucun doute une artiste engagée dont le travail est résolument cérébral puisqu’il s’agit en fait d’une série d’enquêtes sur la nature de la généalogie et de ses conséquences .
Son projet le plus complexe et le plus laborieux comprend une série de 18 lignées familiales, chacune avec une histoire étrange .
Un Irakien qui était apparemment utilisé comme double du fils de Saddam Hussein. Un membre de la secte religieuse druze au Liban qui croit en la réincarnation et rejoue des scènes de vies antérieures. Des homme vivants Indien déclarés morts dans les registres officiels afin de les exproprier et enfin la chasse aux Albinos en Tanzanie ou une vielle croyance prétend que les os de ces Albinos se transforment en diamant une fois enterrés .
Simon est décidément du genre obsessionnel dans la préparation de son travail qui commence par une recherche minutieuse .
– «La majorité de mon travail concerne la préparation »dira t-elle avant d’enchaîner : » « Le fait de prendre des photos est une très petite partie de ce processus. Je travaille avec une petite équipe, juste ma soeur (Shannon Simon) et un assistant (Douglas Emery). Nous traitons avec des traducteurs fixeurs, des vérificateurs de faits et nous tenons surtout compte de la logistique qui consiste a pouvoir travailler dans des endroits où les gens n’ont pas l’internet ou l’accès au téléphone. »
Nous apprenons dans la foulée que la série de photos de l’homme vivant déclaré mort est le résultat de quatre années de préparation et seulement environ deux mois de shooting.
Force est de reconnaître que Simon fait partie de ces rares photographes qui combinent le visuel et le textuel si puissamment, et dont le travail est sophistiqué en termes de pratique de l’art contemporain, mais il reste intimement lié au monde réel.
Simon est à l’avant-garde d’un genre relativement nouveau de la photographie qui échappe à la catégorisation facile et brouille souvent les frontières entre le reportage, le conceptualisme et le portrait. D’une certaine façon en découvrant ces photos a la Corcoran gallery of Art c’est comme si j’entrais dans un livre incroyable.
Bravo l’artiste.
Expliquer l’homme a l’homme…
Se retrouver dans un musée un lendemain de fête de Thanksgiving ne relève pas je l’avoue de l’ordre de l’originalité…Oui mais si je vous dit qu’il s’agit de la celebrissime Corcoran Gallery of art de DC et de l’exposition d’Ivan Sigal.
De 1998 à 2005, Ivan Sigal a donc vécu et travaillé en Asie centrale, traversant la Russie, le Kazakhstan, l’Ouzbékistan, le Tadjikistan, le Kirghizistan et l’Afghanistan ainsi que d’autres pays de l’ex-Union soviétique et en Asie. Le photographe et durant ces années n’a cessé de travailler sur et avec une société profondément marquée par le démantèlement de la superstructure idéologique de l’Union soviétique .
La pellicule « narrateur » en immersion totale dans une guerre trace une sorte de « road trip » qui va au delà du cliquetis des flash pour nous révéler les conditions de l’humanité.Pour nous expliquer L’homme a l’homme.
Les scènes de rue, Les bâtiments, Les visages se confondent dans notre tête en quelque chose de pas très facile a appréhender …Une sorte de pérégrination de l’émotion, doublée d’un profond malaise et triplée de fascination .
Ce visuel d’appel et de réponse ,cette manière propre au photographe de disséquer le moment et de créer l’écho pictural avec cette photo du cimetière plus grand encore que la ville et de cette salle de projection plutôt « cimetière » de bobines de films qui s’entassent a même le sol sont la traduction immédiate de l’ordre social …du sens de la vie des gens.
A ceux qui habitent Washington DC et ses environs ,je conseille vivement cette exposition, véritable parallèle entre notre expérience et celle des personnes sur les photos .
- La photo est une approche plus poétique que journalistique et qui devient finalement, plus révélatrice sur les énigmes de la vie quotidienne.